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Pleins feux sur la recherche : Jackie Dawson, Ph. D.

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« Le cadre réglementaire régissant la navigation dans l’Arctique est extrêmement complexe et demande de la collaboration et du respect. » – Mme Jackie Dawson, Ph. D.

Mme Dawson, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’environnement, la société et les politiques ainsi que professeure agrégée du Département de géographie, environnement et géomatique à l’ Université d’Ottawa, étudie les dimensions humaines et celles relatives aux politiques liées aux changements environnementaux dans les régions océaniques et côtières. La professeure Dawson contribue à Clear Seas par sa participation au Comité consultatif sur la recherche.

Mme Dawson, qui est considérée comme une experte nationale et internationale de la navigation maritime dans l’Arctique, du développement des communautés autochtones et de la gouvernance des océans, contribue par des conseils opportuns à un domaine d’études en développement, sur la base de sa recherche sur les couloirs de navigation à faible impact sur l’environnement et sur les voix du Nord qui régissent la navigation maritime dans l’Arctique canadien.

Entrevue

Parlez-nous d’un projet sur lequel vous travaillez actuellement.

Un de nos projets les plus intéressants à l’heure actuelle touche à une étude sur des couloirs maritimes à faible impact que le gouvernement du Canada établie.

L’Arctique canadien manque d’infrastructures et de services, et, en réalité, aucun levé correct n’existe pour une grande partie de l’océan Arctique. C’est un endroit qui pose des défis à la navigation maritime. Par conséquent, sous l’égide de Transports Canada, du Service hydrographique du Canada et de la Garde côtière canadienne, une des merveilleuses initiatives organisées dans cette région par le gouvernement du Canada consiste à établir des couloirs maritimes à faible impact.

Les couloirs maritimes à faible impact sont des voies de transport empruntées volontairement qui constituent des zones de priorité en matière de services, d’hydrographie, de sondages et d’infrastructure, et où les gens de mer savent qu’ils peuvent avoir accès à ces services et à une information importante en matière de navigation. Le gouvernement du Canada crée actuellement des couloirs de transport à faible impact à travers l’Arctique canadien car le gouvernement ne serait pas en mesure de fournir ces services dans tout l’Arctique canadien. Ce serait tout simplement impossible.

Notre équipe collabore avec la Garde côtière canadienne pour analyser le trafic des navires à travers les régions arctiques du Canada. Cette étude a pour principal but de permettre aux Inuits d’avoir une voix dans l’exécution et la gestion de ces corridors.

Quels sont les objectifs de cette étude?

Les objectifs de cette étude sont :

  • d’évaluer l’historique des tendances de navigation dans l’Arctique canadien depuis les années 1990;
  • de déterminer les zones marines qui ont une importance culturelle;
  • d’évaluer dans quelle mesure la circulation des navires passe par des zones marines qui ont une importance culturelle;
  • d’intégrer les connaissances et les recommandations des Inuits pour le placement et la gestion de couloirs maritimes à faible impact.

Selon vous, comment sera appliquée votre recherche?

Cette recherche est utilisée par la Garde côtière canadienne, Transports Canada et les Services hydrographiques canadiens pour appuyer leur prise de décisions. Les résultats de notre recherche offrent des preuves et des faits pour permettre au gouvernement de prendre des décisions. Les données que nous avons rassemblées vont aider à établir de nouvelles priorités et à adapter les couloirs sur la base des opinions et des besoins des habitants locaux.

Un des meilleurs exemples que je peux fournir est celui de Pond Inlet, dans le Nunavut. Juste à l’extérieur de la communauté se trouve un banc de palourdes au fond de l’océan. La communauté de Pond Inlet souhaiterait qu’une directive soit établie interdisant aux navires de jeter l’ancre pendant la période de reproduction des palourdes. Les exploitants de navires auxquels j’ai parlé m’ont affirmé qu’ils ne verraient aucun problème à respecter cette directive. Pour eux, il s’agit simplement d’être au courant de la période et de l’endroit où ils ne devraient pas jeter l’ancre.

Notre recherche va être utilisée par les exploitants de navires et les organismes gouvernementaux pour prendre des décisions et a pour but de faire respecter par les gens de mer, dans les couloirs maritimes, les connaissances des habitants locaux et les zones maritimes ayant une importance culturelle.

Quel est le message clé de votre étude?

Le cadre réglementaire régissant la navigation dans l’Arctique est extrêmement complexe et demande de la collaboration et du respect.

Je pense que nous avons la possibilité au Canada de devenir des chefs de file mondiaux sur la gouvernance du transport dans l’Arctique. Nous sommes déjà sur cette trajectoire, mais ne parviendrons à ce résultat que dans un cadre de contribution comprenant des organismes gouvernementaux, des organisations de revendications territoriales inuites, des collectivités locales, des scientifiques et des universitaires, ainsi que le secteur du transport maritime.

Quand pouvons-nous espérer l’achèvement de ce projet?

Pas dans un proche avenir. Ce projet a débuté par un financement accordé pour deux communautés côtières et puis il a pris de l’ampleur sur cette lancée, et de nombreuses autres communautés nous ont demandé de faire ce travail. Nous travaillons actuellement avec douze communautés dans l’Arctique canadien pour comprendre leurs besoins relatifs aux couloirs, et le projet suit son cours. Nous puisons constamment dans des rapports communautaires, des recommandations, des documents officiels et bientôt dans un site Web.

Comment a été financée cette recherche?

Au départ, cette recherche a été financée par le réseau Marine Environment Observation Prediction and Response (MEOPAR) Network et par la société de construction navale Irving Shipbuilding. Nous avons depuis reçu du financement de plusieurs autres agences et organismes qui soutiennent notre travail. Ils comprennent :

Que souhaiteriez-vous faire savoir au sujet de votre recherche?

J’aimerais que tout le monde sache à quel point notre équipe sort de l’ordinaire. Ce projet repose sur la collaboration et le respect, et je pense que cette affirmation est vraie pour toute recherche : si cette base n’existe pas, on ne peut rien faire. Nous avons une équipe réellement étonnante de chercheurs, et qui comprend également des chercheurs communautaires des collectivités arctiques. Grâce à ce projet, nous avons formé près de quarante chercheurs inuits, dont plusieurs sont de jeunes Inuits vivant dans des communautés, que nous embauchons pour qu’ils travaillent avec nous. Maintenant, ils vont passer à d’autres projets scientifiques. Il est vraiment important que les habitants locaux disposent de cet ensemble de compétences et d’autonomie pour gérer leurs propres programmes de recherche.

Quel serait le message à diffuser au sujet du transport maritime commercial?

J’aimerais faire comprendre à quel point ce secteur est important. Je pense que c’est une industrie invisible et que personne ne se rend réellement compte de l’impact qu’elle a sur notre vie. C’est grâce au transport maritime que les gens ont des marchandises à des prix abordables.

L’autre grand facteur, qui est généralement ignoré, est que le transport maritime est en réalité une des formes de transport et de commerce mondial qui ont le moins d’impact sur le plan de l’environnement.

Qu’est-ce qui vous motive dans ce travail?

Je suis une scientifique en recherche appliquée et suis motivée par la possibilité de résoudre des problèmes du monde réel. Je travaille dans l’Arctique depuis longtemps et les gens dans l’Arctique qui vivent au jour le jour dans la région me disent que le transport maritime est un de leurs principaux sujets de préoccupation. Par conséquent, ce qui me pousse à faire ce travail est la capacité de produire une recherche solide et de haute qualité qui répond à des besoins déterminés et a des conséquences dans le monde réel.

Les couloirs arctiques – une vue d’ensemble de Skylarc Pictures sur Vimeo

Où pouvons-nous trouver plus d’information?

Vous pouvez trouver plus d’information sur notre équipe et notre recherche en vous rendant au site Web du groupe Environment, Society and Policy Group de l’Université d’Ottawa. Vous pourrez sous peu consulter notre nouveau site interactif sur les couloirs arctiques. Le site Web fournira des données accessibles et qui peuvent être utilisées ainsi qu’un portail de cartographie à www.arcticcorridors.ca.

Pour plus d’information sur la professeure Dawson :

Mme Dawson a participé au cours de sa carrière à deux Comités d’expert du Conseil des académies canadiennes dont les pôles d’intérêt étaient les risques et les valeurs sociales et économiques du transport maritime au Canada. Elle a récemment été élue comme membre du prestigieux Collège de la Société royale du Canada et de la Global Young Academy. Elle est également « Fellow » de La Société géographique royale du Canada. Elle est coprésidente du groupe de travail sur les applications de recherche sociétales et économiques (Societal and Economic Research Applications ou SERA) du Projet de prévision polaire de l’Organisation météorologique mondiale. La recherche de la professeure Dawson a une pertinence dans le monde réel et a été utilisée comme assise pour l’établissement de politiques aux paliers fédéral, territorial et local en matière de gouvernance de l’Arctique. Cette recherche a été utilisée comme base pour des recommandations figurant dans le rapport du vérificateur général sur la navigation maritime dans l’Arctique canadien et a également été citée dans plusieurs rapports scientifiques du Conseil de l’Arctique.

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Publié | Modifié le