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La réconciliation dans l’industrie canadienne du transport maritime (partie III) : une histoire d’amour avec la mer

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John Thomas aime probablement son métier plus que la plupart des gens. Mais pour ce fier membre de la Nation Tsleil-Waututh, les journées au bureau ne sont jamais ordinaires.

En tant que membre de l’équipe d’intervention environnementale de la Garde côtière canadienne, une journée au bureau pour John signifie souvent de s’aventurer dans les eaux tumultueuses de la mer des Salish à bord du navire NGCC CCG ER 701, pour intervenir à la suite d’un déversement d’hydrocarbures ou d’un accident maritime. Le navire est équipé de deux puissants moteurs John Deere de 8,1 litres, prêts à affronter les conditions les plus difficiles. Et son visage s’illumine quand il raconte à quel point ces conditions peuvent être ardues : « Quand vous êtes sous le pont et que vous regardez par la fenêtre et que tout ce que vous voyez est de l’eau verte, vous savez que ça va être toute une aventure. »

Quand il décrit ce qui l’a conduit à faire carrière dans la Garde côtière, il mentionne que son rôle de spécialiste en intervention environnementale s’est avéré être un tournant majeur dans sa vie. « Quand je me couche, j’ai hâte de me réveiller et de repartir », confie ce fier mari et père de 36 ans.

La Garde côtière a permis à John Thomas de parcourir et d’explorer des lieux uniques au sein de sa Nation.

Lors d’une visite à sa base d’attache, située dans le delta côtier à proximité de Richmond, en Colombie-Britannique, John nous partage sa grande connaissance de l’équipement – pompes, barrages flottants et de péniches de débarquement – que lui et ses collègues déploient lorsqu’ils interviennent en cas de déversements de pétrole, causés, la plupart du temps, par de petites embarcations. Il nous explique qu’ils utilisent des tampons absorbants pour absorber le pétrole. Ces derniers sont ensuite soigneusement transférés dans de grands sacs puis éliminés dans un site approuvé. C’est là que les nouveaux employés font leurs preuves, nous dit-il. Ils doivent faire attention de ne pas surcharger les sacs, car ils pourraient se briser lorsque transportés sur de longues distances pour être éliminés, mentionne-il avec le sourire de quelqu’un qui est déjà passé par là.

Cela le ramène à ses débuts, lorsqu’il travaillait dans le secteur forestier et que sa Nation lui a proposé un stage avec la Garde côtière : « À la dernière minute, j’ai saisi l’occasion et le stage de six mois a commencé peu après. Cela fait maintenant six ans et demi et je n’ai jamais regardé en arrière. C’est probablement la meilleure décision que j’ai prise, et le moment n’aurait pas pu être mieux choisi. » Plus tard, il nous partage que d’autres personnes – en particulier des Autochtones – devraient saisir l’occasion si elle se présente : « Comment saurez-vous ce qu’il y a derrière la porte si vous ne l’ouvrez pas? »

John Thomas a commencé son parcours dans la Garde côtière après qu’un stage lui ait ouvert une nouvelle porte.

Jusqu’à présent cette année (fin octobre 2022), la région d’intervention environnementale de la Garde côtière, qui s’étend de la côte sud de la Colombie-Britannique à Victoria, au nord et à l’est jusqu’au lac Winnipeg, a reçu plus de 900 appels, la plupart concernant de petits déversements d’hydrocarbures. John raconte comment il s’est retrouvé tout près du MV Zim Kingston, un navire qui a perdu plus de cent conteneurs d’expédition et subi un incendie de nature chimique au large de l’île de Vancouver, en octobre 2021. Parfois, il est appelé à participer à une opération dans la baie Burrard, à l’ombre du terminal de Trans Mountain (TMX). Pour gagner du temps, une équipe de la Garde côtière vient souvent le chercher près de son territoire traditionnel à Whey-Ah-Whichen (parc Cates) – ce qui signifie « face au vent » – et il se lance dans l’action, pour des quarts de travail qui peuvent durer plusieurs jours.

« En tant qu’Autochtone dans la Garde côtière canadienne, je me sens privilégié des expériences que j’ai vécues et des personnes que j’ai rencontrées jusqu’à maintenant, » dit-il. « Nous avons une côte magnifique que je ne connaissais pas vraiment en dehors des eaux de ma Nation : la baie Burrard, la baie des Anglais, False Creek et certaines parties du fleuve Fraser. Mes yeux se sont ouverts et j’ai pu parcourir la côte et les eaux d’autres Premières Nations. Grâce aux différents cours et formations que la Garde côtière m’a offerts ou auxquels j’ai été envoyé, j’ai pu rencontrer des gens formidables, des Premières Nations et d’autres, et je me suis toujours senti à l’aise dans n’importe quelle situation. »


Les efforts déployés par le Canada pour consolider ses relations avec les peuples autochtones prennent de l’importance à mesure que l’industrie du transport maritime, le gouvernement et les ports explorent de nouveaux programmes. Cela fait plus de deux ans que Clear Seas a publié son premier article sur la réconciliation dans l’industrie canadienne du transport maritime. Issue du rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR), la question de la réconciliation a fait la une des journaux en 2021, alors que le Canada était confronté à l’héritage de ses pensionnats et à la découverte de tombes anonymes d’enfants autochtones partout au pays. Alors que ces histoires de négligence et de maltraitance continuaient de faire l’objet d’une couverture médiatique, des personnes et des organisations à travers le pays se sont efforcées de surmonter cette période sombre.

La question de la réconciliation est particulièrement pertinente pour le transport maritime, car cette industrie touche les peuples autochtones partout dans le monde. La pollution et le bruit sous-marin des navires, le carbone noir des moteurs des navires dans l’Arctique et le sillage des navires sur les Grands Lacs et ailleurs peuvent avoir des répercussions sur le développement économique, la culture, l’histoire et les modes de chasse des communautés autochtones.

Dans le cadre de sa revue annuelle, Clear Seas a communiqué avec différentes organisations du milieu maritime de partout au pays afin de connaître les initiatives qu’elles ont prises sous le chapeau de la réconciliation. Nous remercions les organisations qui ont répondu à l’appel et fourni une mise à jour sur leurs initiatives. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une liste exhaustive de réalisations ou d’activités, cet article présente un résumé d’une partie du travail accompli par des acteurs de l’industrie du transport maritime sur la voie de la réconciliation.

Le Plan de protection des océans du Canada ouvre des portes aux peuples autochtones

En 2022, le gouvernement du Canada a renouvelé le financement du Plan de protection des océans (PPO), s’engageant à fournir 2 milliards de dollars sur neuf ans dans le but de protéger les côtes et les voies navigables du Canada. L’un des principaux objectifs du PPO est de « promouvoir les possibilités de partenariats et de formation pour les communautés autochtones et côtières afin d’intégrer leur expertise et leurs expériences dans divers aspects de la sécurité maritime et de la protection des écosystèmes ». Parmi les possibilités de partenariats et de formation financées par le PPO, citons le Programme de formation dans le domaine maritime, la formation en recherche et sauvetage pour les communautés autochtones et le Programme de bénévolat des bateaux communautaires autochtones.

Vers la fin de 2022, le gouvernement fédéral a publié un bilan des résultats des cinq premières années du Plan de protection des océans. Cela comprenait un rapport sur les partenariats avec les peuples autochtones pour la protection des voies navigables et des océans. En publiant cette mise à jour, le ministre des Transports, Omar Alghabra, a noté que : « La collaboration avec les peuples autochtones, les communautés côtières, les scientifiques et l’industrie maritime a été la pierre angulaire du Plan de protection des océans. Au cours des cinq premières années du Plan de protection des océans, nous avons réalisé d’importants progrès en matière de sécurité maritime et d’intervention d’urgence, protégeant ainsi nos écosystèmes et la faune marine, et établissant des partenariats avec les peuples autochtones et les communautés côtières. Notre travail n’est pas terminé et je suis impatient de constater encore plus de résultats dans les années à venir. »

Un nouveau programme financé sous le PPO appuiera la mise sur pied de l’équipe d’intervention d’urgence maritime Heiltsuk sur la côte ouest du Canada. Dans le but d’accroître le rôle de la Nation Heiltsuk dans l’intervention environnementale maritime, ce projet pilote comprendra des activités telles que « des exercices et de la formation sur l’eau, l’achat d’équipement et l’élaboration de stratégies d’intervention sur le territoire des Heiltsuk ». Cette collaboration vise non seulement à améliorer l’état de préparation environnementale le long de la côte, mais aussi à renforcer les relations de Nation à Nation en travaillant ensemble à la protection du milieu marin.

Une autre étape importante a été franchie à la fin de 2022, quand les lignes directrices sur la gestion des voies navigables de la côte nord ont été établies. Elles étaient le résultat de près de trois ans de planification par le gouvernement du Canada, la Nation Gitga’at et la Nation Gitxaala, travaillant ensemble en vertu de l’Accord-cadre de réconciliation pour la gestion et la protection des océans à l’échelle biorégionale, soutenu par le Plan de protection des océans. Les lignes directrices ont été élaborées dans le cadre d’un projet pilote de l’initiative de gestion proactive des navires, avec la participation et le soutien considérables de collaborateurs, notamment BC Coast Pilots, l’Administration de pilotage du Pacifique, les associations du transport maritime commercial et les exploitants de terminaux d’exportation.

Les Nations Gitga’at et Gitxaala occupent, depuis des millénaires, les terres et les eaux entourant leurs communautés côtières de Hartley Bay et de Kitkatla, sur la côte du Pacifique Nord. Selon un communiqué de presse du gouvernement, « leur utilisation des voies navigables pour se rendre aux zones de pêche et de récolte d’espèces marines, et y accéder, est une facette clé de leur riche culture et histoire. C’est pourquoi il est essentiel de veiller à ce que ces activités puissent se poursuivre pour maintenir leur bien-être culturel, social et économique. Dans ce contexte, l’utilisation accrue de ces voies navigables pour le transport maritime commercial, pilier de l’économie canadienne, peut présenter des défis. »

Les lignes directrices s’appliquent à tous les types de navires qui voyagent entre Kitimat (C.-B.) et l’entrée Browning et comprennent des zones de sécurité, des réductions de vitesse, des itinéraires recommandés, des directives pour les navires qui se rencontrent et se croisent, et des communications plus efficaces sur l’eau. Les lignes directrices comprennent également les secteurs préoccupants pour les Premières Nations où les navires doivent veiller à ce que les usagers des communautés locales puissent transiter et utiliser la zone en toute sécurité.

L’importance de l’Accord a été soulignée par le conseiller en chef Arnold Clifton de la Nation Gitga’at. « Nous sommes heureux d’avoir pu travailler en partenariat avec le Canada, la Première Nation Gitxaala et des organismes et organisations clés pour élaborer ces lignes directrices sur la gestion des voies navigables de la côte nord. La capacité de voyager et de récolter nos ressources marines en toute sécurité est primordiale pour notre peuple et notre culture. Nous avons hâte de continuer à travailler avec la Nation Gitxaala, le Canada et nos autres partenaires pour mettre en œuvre ces nouvelles lignes directrices. »

Les associations industrielles participent davantage aux programmes de gestion des navires et aux communications

La Fédération maritime du Canada, qui représente les propriétaires, les exploitants et les agents des navires internationaux faisant escale au Canada, s’est engagée dans plusieurs initiatives en lien avec les répercussions du transport maritime, en collaboration avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

Miako Ushio, responsable des affaires environnementales et réglementaires à la Fédération, déclare : « Nous participons activement à l’élaboration et à la mise en œuvre de mesures volontaires en collaboration avec les Premières Nations et d’autres utilisateurs des voies navigables, grâce à des initiatives de gestion proactive des navires du gouvernement du Canada. Cela comprend une zone de protection volontaire au large de Haida Gwaii et des projets pilotes sur les côtes nord et sud de la Colombie-Britannique. Nous avons également participé à des groupes de travail multilatéraux dans le but d’évaluer les effets cumulatifs des activités de transport maritime passées, présentes et futures sur les environnements côtiers et marins et sur les modes de vie autochtones. Avec notre conseil d’administration, la Fédération maritime du Canada s’est récemment engagée à explorer davantage comment nous pouvons mobiliser les Premières Nations, les Métis et les Inuits d’une manière significative et appropriée. »

À la Chambre de commerce maritime (CCM), une association binationale et sans but lucratif du secteur privé qui représente plus de 100 intervenants de l’industrie maritime, Bruce Burrows, président et chef de la direction, déclare que « la CCM est profondément préoccupée par la réconciliation et soutient le rapport et les principales conclusions de la Commission de vérité et réconciliation. Bon nombre de nos membres entretiennent des relations directes avec les communautés autochtones à travers le pays et gardent les impératifs du rapport à l’esprit. » Il ajoute que la CCM, en partenariat avec le gouvernement fédéral, participe aux efforts collectifs visant à sensibiliser les jeunes Autochtones aux vertus d’une carrière dans l’industrie maritime (secteur public et privé) par l’entremise de la nouvelle Fondation des carrières maritimes canadiennes Imagine Marine.

Les compagnies de transport maritime reconnaissent le rôle clé de l’éducation autochtone

Le Groupe CSL Inc. (CSL), l’un des principaux fournisseurs de services de manutention et de livraison de cargaisons sèches en vrac et le plus grand propriétaire et exploitant de navires autodéchargeurs au monde, a mis en place plusieurs initiatives. Il poursuit son partenariat avec la communauté Anishinabek, le Georgian College et le Syndicat international des marins canadiens pour la promotion du programme de formation sans octroi de brevet afin d’encourager et de soutenir la sensibilisation aux carrières maritimes dans les communautés autochtones.

En 2022, CSL a organisé et pris la parole lors de divers événements pour présenter et discuter de ces possibilités. L’organisation continue de diffuser des renseignements sur les possibilités offertes à la communauté Anishinabek et aux autres communautés autochtones de l’Ontario. Le programme de formation sans octroi de brevet est ouvert à tout candidat autochtone qui satisfait aux exigences minimales pour travailler à bord et qui est prêt à suivre une formation de base de deux semaines en vue de pouvoir occuper des postes tels que matelot breveté, assistant-mécanicien, etc. Le soutien financier pour la formation est fourni par le gouvernement et CSL.

Brigitte Hébert, directrice des communications à CSL, déclare : « Nous avons également créé un pilier autochtone dans notre programme de philanthropie afin de soutenir les organisations et les initiatives autochtones dans les communautés où nous sommes présents. Dans le cadre de ce nouveau pilier, nous avons apporté un soutien financier à la communauté Kanien’kehà:ka (Mohawk) de Kahnawà:ke pour construire un nouveau centre culturel, un musée et un théâtre qui feront la promotion de la langue, de la culture, de l’histoire et de l’art traditionnels. Nous offrons également une plateforme à la communauté Kanien’kehà:ka dans le cadre de notre événement du Marine Club en janvier 2023, afin de présenter l’initiative du centre culturel à l’ensemble de l’industrie maritime. L’événement sera aussi une activité bénéfice pour le centre. »

Récemment, Seaspan ULC, une entreprise de services maritimes située à Vancouver, en Colombie-Britannique, a investi dans plusieurs programmes éducatifs, priorités communautaires et événements axés sur les Autochtones, par l’intermédiaire de la Fondation Dennis and Phyllis Washington (DPW) et de ses chantiers navals et entreprises de transport maritime.

Seaspan offre un certain nombre de programmes avec des établissements postsecondaires, notamment le financement de 100 étudiants autochtones de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique (BCIT). Il s’agit d’une subvention pluriannuelle de la Fondation DPW, en collaboration avec Seaspan et Southern Railway of BC (SRY), pour permettre à BCIT d’offrir, aux étudiants autochtones, un large éventail de formations pour des métiers technologiques très en demande. La subvention permet de financer les frais de scolarité, les fournitures scolaires, l’exploration de carrière dans les métiers de la mer et la formation communautaire en réhabilitation écologique. Au collège Camosun de l’île de Vancouver, plusieurs bourses d’études pour les femmes dans les métiers et les apprenants autochtones, ainsi que de l’équipement spécialisé et un programme de microcertification en soudure marine qui sera bientôt mis en place, seront rendus possibles grâce à un financement par la Fondation DPW en collaboration avec Seaspan.

Une autre subvention de la Fondation DPW, conjointement avec Seaspan et SRY, aidera la Fraser River Discovery Centre Society (FRDCS), en partenariat avec la bande indienne de Musqueam xwməθkwəy̓ əm, à mettre en place un « xwtatəl̕ləm ʔə k̓ w šxwəlməxwaʔɬ syəθ ʔiʔ snəw̓ eyəɬ ʔi ʔə tə ʔi n̓ a stal̕əw̓ » (lieu d’apprentissage de l’héritage et des enseignements autochtones du fleuve Fraser). « L’idée d’agrandir notre centre pour en faire un lieu d’apprentissage de l’histoire autochtone du fleuve Fraser fait fond sur nos expositions et nos programmes actuels destinés aux Premières Nations et est conforme à notre rôle de voix du Fraser », a déclaré Mark Rizzo, président du conseil d’administration de la FRDCS. « Il aidera également les gouvernements, l’industrie et la société à continuer de respecter leurs engagements en matière de réconciliation et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). »

Les initiatives d’emploi sont d’autres programmes importants. L’Aboriginal Community Career Employment Services Society (ACCESS) – Seaspan Shipyards a effectué un investissement de 1,35 million de dollars sur trois ans afin d’accroître les possibilités de formation et d’apprentissage pour les étudiants autochtones âgés de 19 à 30 ans désirant faire carrière dans les métiers du secteur maritime et de la construction navale, en pleine croissance. Ce financement s’ajoute au partenariat de Seaspan avec ACCESS de 2016 à 2020, qui comprenait un investissement total d’environ 2,9 millions de dollars.

Les ports du Canada cherchent à inclure les peuples autochtones

Tel qu’indiqué dans l’examen de l’année dernière, les administrations portuaires du Canada sont tenues de travailler en étroite collaboration avec les peuples autochtones, car leurs opérations ont une incidence sur les territoires traditionnels. Sur la côte est du Canada, Lane Farguson, directeur des communications du Port d’Halifax, explique que l’organisation a connu d’énormes changements au cours des deux dernières années, notamment une attention accrue à la diversité, à l’inclusion et à la mobilisation des personnes et des groupes racialisés, afin de s’assurer que toutes les voix sont entendues dans la grande communauté portuaire. « Cela inclut les peuples autochtones et les communautés de nos Premières Nations », dit-il.

« Nous travaillons à l’élaboration de programmes et d’initiatives et à la mise à jour des politiques, notamment en matière d’approvisionnement, qui encourageront le dialogue et la compréhension et créeront de nouvelles avenues pour que tous puissent se prévaloir des possibilités offertes par le Port d’Halifax », déclare M. Farguson.

Au Nouveau-Brunswick, le Port de Belledune a réévalué, au cours des dernières années, ses façons de faire afin de prioriser l’établissement de relations et la collaboration avec les Premières Nations locales. « La vision est que la prospérité économique, la gérance de l’environnement et la mobilisation respectueuse peuvent coexister, » mentionne Jennifer Cleversey Moffitt, conseillère juridique et secrétaire générale du Port.

En 2018, les processus de consultation entourant les activités portuaires ont été revus afin d’être « moins paternalistes et davantage centrés sur l’engagement respectueux et transparent avec les communautés autochtones, » ajoute-t-elle. Lorsque questionné sur les protocoles et les relations que le Port a priorisés dans les dernières années, le Chef Terry Richardson de la Première Nation de Pabineau explique : « le Port de Belledune est un joyau dans le nord du Nouveau-Brunswick et le protocole d’entente entre le Port et les communautés Mi’kmaq permet aux Premières Nations du Nouveau-Brunswick d’être impliquées dans sa croissance économique. »

En 2021, le Port, la Première Nation de Pabineau, la Première Nation d’Eel River Bar et Mi’gmawe’I Tplu’taqnn Inc. (MTI) ont annoncé le développement d’un autre protocole pour adresser les sections de la Loi sur l’évaluation d’impact qui ne considéraient pas adéquatement la mobilisation des Premières Nations dans les projets de développement. Ce dernier sera similaire au Protocole sur les relations, la mobilisation et les consultations et, ensemble, ces protocoles guideront le développement portuaire de façon respectueuse et transparente.

Chaque année, le Port de Belledune alloue également des fonds pour renforcer les capacités et former son personnel en matière de réconciliation, par l’entremise de cours offerts par MIT. Malgré les défis rencontrés, Cleversey Moffitt mentionne que, jusqu’à présent, le chemin du Port sur la voie de la réconciliation est une expérience enrichissante.

Sur la côte ouest, l’Administration portuaire Vancouver-Fraser (APVF) a signé deux accords de relations avec les Premières Nations locales à la fin 2021. Dianne Sparrow, responsable des relations avec les Autochtones à l’APVF, a fourni à Clear Seas un aperçu des aspects non confidentiels de ces accords :

Accord de relations entre la Première Nation Tsawwassen et l’APVF

Le 2 octobre 2021, la Première Nation Tsawwassen et l’administration portuaire ont signé un accord de relations historique. Bien que les termes précis de l’accord soient confidentiels, la Première Nation Tsawwassen et l’administration portuaire ont indiqué que l’accord prévoit des possibilités d’emploi et inclut des mécanismes pour renforcer la communication et des occasions de discuter et d’élaborer des initiatives communautaires.

Accord de relations entre Musqueam et l’APVF

Le 5 novembre 2021, la bande indienne de Musqueam et l’administration portuaire ont signé un accord de relations historique. Bien que les termes précis de l’accord soient confidentiels, la bande indienne de Musqueam et l’administration portuaire ont indiqué que l’accord prévoit des possibilités d’emploi, ainsi que des programmes études-travail et des possibilités éducatives par l’entremise de bourses d’études. Il comprend également des mécanismes visant à renforcer la communication, à soutenir les domaines d’intérêt mutuel et à augmenter la collaboration en vue de rehausser et d’améliorer l’environnement sur le territoire des Musqueam.

L’engagement continu de Clear Seas envers la réconciliation

Au cours de la dernière année, le département des relations avec les communautés autochtones et côtières de Clear Seas a continué à se développer, reflétant l’engagement de l’organisation à tendre la main aux peuples autochtones et à inclure leurs connaissances dans ses recherches. Au printemps 2022, Clear Seas a accueilli Stephanie Hurlburt en tant que responsable de programme et dont le travail se concentre sur l’établissement de relations partout au Canada et l’orientation du programme Transition de carrière pour les Autochtones. Justin Perry s’est également joint à l’équipe à titre de responsable de programme et se concentre sur le développement du Programme de stage destiné aux étudiants autochtones.

Améliorer la main-d’œuvre maritime grâce au programme Transition de carrière pour les Autochtones

Le programme Transition de carrière pour les Autochtones facilite des placements professionnels significatifs pour les Autochtones en milieu de carrière qui souhaitent explorer et poursuivre des carrières dans les industries océaniques. Les participants s’engagent dans un programme de soutien au placement de 12 mois axé sur la création de postes à temps plein. Ces stages permettent aux candidats d’acquérir une expérience pratique dans les industries liées à la mer, de développer de nouvelles compétences et de renforcer leurs connaissances en mobilisant leurs aptitudes naturelles. Sur la côte ouest, huit étudiants autochtones ont récemment obtenu leur diplôme de formation de responsable du quart à la passerelle sur le campus de BCIT. Sur la côte est, Clear Seas travaille avec quatre organisations maritimes pour offrir des subventions salariales aux participants afin qu’ils trouvent leur place dans l’industrie maritime.

Travailler avec les communautés – deuxième année du Programme de stage destiné aux étudiants autochtones

Le Programme de stage destiné aux étudiants autochtones a été élaboré et lancé en 2021, dans le cadre du mandat de Clear Seas de mener des recherches maritimes inclusives qui tiennent compte des connaissances traditionnelles et renforcent les capacités de recherche au sein des communautés autochtones et côtières. Depuis son lancement, trois étudiants ont complété un stage, explorant des sujets comme les répercussions du transport maritime sur la santé, les espèces envahissantes et la sécurité alimentaire. Cette année marque la deuxième année du programme et cinq étudiants travaillent actuellement sur des projets de recherche en collaboration avec des communautés autochtones dans le cadre de leur stage. Clear Seas joue un rôle clé dans le programme en connectant les stagiaires avec des mentors et avec du soutien à la recherche au sein des communautés et des établissements postsecondaires. Cette initiative est menée en collaboration avec BCIT et Mitacs.

L’équipe de Clear Seas en sortie sur les eaux du fjord Indian Arm entourant la Nation Tsleil-Waututh, à North Vancouver, C.-B., pour se familiariser avec l’histoire, la culture et les traditions du peuple Tsleil-Waututh.

Reconnaissant le rôle important que joue la réconciliation dans son travail, l’équipe de Clear Seas a intégré les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation dans son travail. Elle s’efforce notamment de décoloniser le langage utilisé sur son site Web et dans ses communications et d’intégrer les points de vue autochtones et les connaissances traditionnelles. Les membres du personnel sont en train de compléter un programme de formation sur la compréhension des principes de PCAP (propriété, contrôle, accès et possession) des Premières Nations, offerte par le Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations.

L’avenir de la réconciliation

L’industrie du transport maritime en est encore à trouver son chemin sur la voie de la réconciliation. Les actions et les programmes décrits précédemment illustrent des mesures qui sont prises à l’heure actuelle. Alors que diverses organisations cherchent à agir, les paroles de la commissaire à la vérité et à la réconciliation Marie Wilson, Ph. D., prononcées au Banff Centre for Arts and Creativity lors d’un sommet sur la vérité et la réconciliation en 2016, fournissent une feuille de route pour l’action. « Rester assis dans un coin à se tordre les mains et à se demander ce qu’il faut faire ne fera rien avancer, y compris vous-même. Lisez les appels à l’action (de la Commission de vérité et réconciliation) et en les parcourant un par un, demandez-vous si j’ai ma place dans cet appel. » Ces paroles sont aussi vraies aujourd’hui qu’elles l’étaient à l’époque.

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