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Renouvellement des mesures de prévention des déversements de pétrole provenant des navires à Haida Gwaii

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L’essai de la zone de protection volontaire mise en place pour protéger la côte ouest de Haida Gwaii des incidences de la marine marchande est prolongé.

Un effort de collaboration entre les Premières Nations, le gouvernement fédéral et l’industrie du transport maritime protège le littoral culturellement et écologiquement sensible autour de Haida Gwaii contre les déversements d’hydrocarbures dus à des incidents et des accidents maritimes commerciaux. L’accord visant à établir une zone de protection volontaire (ZPV) sur la côte canadienne du Pacifique représente une réalisation importante pour l’industrie du transport maritime en matière de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada.

L’analyse des résultats de l’essai de 14 mois de la ZPV, réalisée par l’équipe du programme de planification marine du Conseil de la Nation Haïda (CNH), a montré que 89 % des navires sont restés à l’extérieur de la zone désignée comme « zone d’interdiction » au large de la côte ouest de Haida Gwaii. À compter du 1er novembre 2021, l’essai de la ZPV a été prolongé afin de garantir que les mesures de protection restent en place pendant que le comité de projet explore les options à long terme pour préserver le fragile littoral de Haida Gwaii des impacts potentiels des activités de navigation maritime. Ces impacts pourraient inclure la pollution causée par la perte de conteneurs d’expédition par-dessus bord – un risque mis en évidence par l’incident du M/V Zim Kingston survenu une semaine seulement avant le renouvellement de la ZPV. Les risques ont encore été mis en évidence lorsque le Champion Concept, transportant de l’huile de canola, est tombé en panne quelques jours plus tard au nord-ouest de l’archipel et a dû être remorqué à port.

Une mesure de protection qui vise les grands navires commerciaux

Depuis 2019, le Conseil de la Nation Haïda, Transports Canada (TC) et l’industrie du transport maritime ont collaboré pour établir les modalités de la ZPV et guider sa mise en œuvre. La mesure demande aux navires commerciaux de 500 tonnes brutes ou plus – tels que les vraquiers et les porte-conteneurs – de rester à plus de 50 milles nautiques de la côte ouest de Haida Gwaii, à quelques exceptions près. Les navires se déplaçant entre des ports du nord-ouest du Pacifique sont priés de respecter une distance minimale de 25 milles nautiques, tandis que les navires de croisière sont autorisés à s’approcher jusqu’à 12 milles nautiques. Les remorqueurs et les chalands sont exemptés. La circulation des pétroliers près de Haida Gwaii est limitée depuis 1985 par la zone d’exclusion volontaire des pétroliers et le moratoire plus récent sur les pétroliers.

La Nation Haïda avait recommandé une zone de protection de la navigation d’une longueur minimale de 50 milles nautiques, en se basant sur les résultats de l’analyse de la dérive de navires et de l’intervention dans le Pacifique effectuée par Clear Seas et Nuka Research. Le CNH a demandé une couche supplémentaire de protection à la suite d’un incident survenu en 2014, lorsque le navire de charge russe Simushir est tombé en panne dans une mer houleuse et a failli s’échouer sur l’archipel. La Garde côtière canadienne a retenu le navire à la dérive loin du rivage jusqu’à ce qu’il puisse être remorqué en lieu sûr.

Zone de protection volontaire de Haida Gwaii
Source : Comité du projet de zone de protection volontaire de Haida Gwaii

Collaborer pour protéger la côte

Dans une réponse par courriel au sujet de l’avenir de l’accord, Transports Canada a fait remarquer que la collaboration entre le CNH, le gouvernement du Canada et les associations de l’industrie du transport maritime a été essentielle pour réduire le risque d’accidents sur la côte ouest de Haida Gwaii. « Cet essai a favorisé l’établissement de relations productives, l’apprentissage collectif et la compréhension mutuelle entre les participants », a déclaré un représentant. « Depuis le lancement de l’essai, nous observons une tendance à la baisse du nombre de navires transitant à l’intérieur de la ZPV chaque mois. »

Transports Canada a fait remarquer que ces travaux aident le CNH à protéger Haida Gwaii contre la pollution due aux pannes et aux accidents des navires. L’essai est une étape vers la mise en œuvre de la recommandation du Conseil d’établir une distance sécuritaire au large pour les navires, un résultat de l’atelier de 2015 sur les leçons de l’incident du Simushir.

L’accord faisait partie d’une structure de gouvernance collaborative établie dans l’Accord-cadre de réconciliation pour la gestion et la protection des océans à l’échelle biorégionale et fait partie du Plan de protection des océans du Canada.

Stephanie Hewson, avocate interne au cabinet West Coast Environmental Law, affirme que la ZPV est importante pour la protection de la côte de Haida Gwaii. « La zone de protection volontaire protège une région de grande valeur écologique et culturelle au large de la côte de Haida Gwaii : plusieurs zones de protection marine (ZPM) ont été établies dans la région, et ces zones ainsi que d’autres récemment identifiées devraient faire partie intégrante du premier réseau de ZPM du Canada. »

Les eaux de Haida Gwaii abritent une faune marine riche et diversifiée, incluant des épaulards ainsi que des baleines grises et des rorquals à bosse en migration

Hewson affirme que la région est vulnérable aux navires qui s’échouent et à la possibilité de déversements d’hydrocarbures. « Il est essentiel que les navires transitent à une distance sécuritaire au large. Grâce au leadership des Haïda et à l’appui de Transports Canada et de l’industrie, la ZPV a été une première étape réussie pour répondre à ces préoccupations. Pour que ce succès se poursuive, il est important que la ZPV soit établie de façon permanente dans la loi, par exemple par une loi ou une désignation reconnue à l’échelle internationale », dit-elle.

La nécessité d’une mesure permanente

Que réserve l’avenir pour la ZPV? L’une des possibilités est de suivre l’exemple du sanctuaire marin national de la côte Olympique de l’État de Washington, qui bénéficie depuis 1994 d’une protection permanente internationalement reconnue en tant que zone à éviter désignée par l’Organisation maritime internationale. Les changements climatiques rendant plus fréquents les phénomènes météorologiques extrêmes le long de la côte du Pacifique, la nécessité de prendre des mesures permanentes pour réduire le risque de pollution par les navires ne peut que s’accroître.

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