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Redresser un tort: la réconciliation et l’industrie canadienne du transport maritime

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Au regard de l’attention grandissante accordée à la relation entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones, que fait l’industrie du transport maritime pour améliorer ses relations avec les communautés autochtones et pour collaborer avec elles? Ce blogue offre un aperçu des acteurs de l’industrie – ports, constructeurs et opérateurs de navires, établissements d’enseignement maritime – qui sont sur la voie de la réconciliation.

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Au Canada, l’industrie du transport maritime et les communautés autochtones qui habitent en bordure des trois côtes, des Grands Lacs et du Saint-Laurent sont étroitement liées. Les navires transitent à travers plusieurs étendues d’eau traditionnelles des peuples autochtones et chargent ou déchargent des marchandises sur leurs terres. Les substances polluantes et les sillages produits par les navires peuvent altérer ces zones en perturbant les habitats et les écosystèmes qui assurent la subsistance alimentaire et économique de ces communautés.

En examinant ce sujet, Clear Seas a constaté qu’un certain nombre d’organisations appliquent déjà les principes de la réconciliation tels qu’établis dans la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) du Canada. Sur la côte est comme sur la côte ouest, des organisations ont fait des progrès dans ce domaine alors que d’autres n’ont pas encore entamé le processus. Ce blogue résume les activités menées par certaines organisations dans l’industrie et présente les perspectives et les expériences de celles qui ont des programmes actifs consacrés à la réconciliation.

Vérité et réconciliation : préparer le terrain

La réconciliation repose sur le respect, la compréhension et l’honnêteté de chacune des parties. La Commission de vérité et de réconciliation a été mise sur pied pour examiner les séquelles des pensionnats canadiens chez les Autochtones. Son document intitulé Commission de vérité et réconciliation du Canada : appels à l’action est considéré comme un excellent point de départ par plusieurs. Il encourage les entreprises à s’engager et à tenir des consultations significatives avec les peuples autochtones avant de lancer des projets de développement économique, à garantir un accès équitable aux emplois et à la formation, et à donner aux cadres et aux employés de l’information sur l’histoire et les enjeux actuels des peuples autochtones. Il demande aussi aux entreprises d’adopter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).

L’importance de la côte : point de vue des Premières Nations

Kim Baird, ancienne chef de la Première Nation de Tsawwassen et vice-présidente du conseil d’administration de Clear Seas, affirme que de nombreuses Premières Nations le long de la côte du Pacifique entretiennent des relations profondes avec l’océan. Elle fait remarquer que « le nom Tsawwassen se traduit par terre face à la mer. En tant que communauté côtière et peuple pêcheur, les eaux de notre territoire font partie intégrante de notre identité et de notre histoire. Nous dépendions grandement des voies navigables pour nous déplacer localement et sur de longues distances, et aussi pour pêcher; nous récoltions la vie marine. »

La réconciliation est un processus important pour renforcer la relation de la Nation de Tsawwassen avec le gouvernement du Canada et l’industrie du transport maritime. « Il n’est pas facile de trouver une façon qui soit acceptable pour nous de contribuer à la province et au pays. Nous sommes repartis sur de nouvelles bases avec le traité moderne qui est entré en vigueur en 2009, mais il faudra du temps pour réparer les dommages causés par la colonisation du peuple Tsawwassen. Toutefois, nous avons trouvé une voie à suivre qui, nous l’espérons, nous permettra d’avoir une qualité de vie comparable à celle de nos voisins et de nous réapproprier notre langue et notre culture. »

Selon Mme Baird, il y a des occasions de réconciliation pour les communautés autochtones et l’industrie du transport maritime, mais elles sont encore au stade embryonnaire. « Je pense que ces discussions ne font que commencer et j’espère vraiment que les Premières Nations pourront jouer un rôle plus stratégique dans la gestion du littoral. L’industrie du transport maritime offre beaucoup d’avantages, mais elle comporte aussi beaucoup de risques, et les Premières Nations sont bien placées pour l’aider à gérer ces risques. »

L’approche de réconciliation de l’industrie du transport maritime

La Chambre de la marine marchande, qui représente les sociétés de transport maritime sur la côte ouest du Canada, a adopté, en 2016, les principes contenus dans la DNUDPA. En entrevue, Robert Lewis-Manning, le président de l’organisation, déclare que les sociétés de transport maritime ont « entrepris un processus d’apprentissage, de réflexion et de discussion avec les Premières Nations ». La Chambre de la marine marchande s’est engagée à essayer de bien comprendre la DNUDPA et son rôle dans les fonctions opérationnelles de l’organisation.

Lewis-Manning affirme que certaines sociétés de transport maritime qui ont des intérêts commerciaux dans les communautés reconnaissent l’importance d’entretenir des relations de travail étroites avec les Premières Nations. Seaspan Marine Transportation, qui reconnaît publiquement ses activités sur les terres et les eaux traditionnelles du peuple Salish de la côte à North Vancouver et sur l’île de Vancouver, en est un bon exemple.

La Nation Haisla et Seaspan Marine Transportation ont établi un partenariat de 500 millions de dollars, appelé HaiSea Marine, pour la construction et l’exploitation de remorqueurs pour escorter les transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) qui entrent et qui sortent du port de Kitimat, où LNG Canada construit son usine de gaz naturel liquéfié.

« HaiSea Marine est majoritairement détenue par les Haisla », a affirmé Crystal Smith, conseillère en chef de la Nation Haisla. Les Premières Nations avoisinantes, les Gitxaala et les Gitga’at, bénéficieront aussi de ce projet grâce à un accord de passage conclu avec les Haisla.

Des organismes d’intervention en cas de déversement d’hydrocarbures, comme la Western Canada Marine Response Corporation (WCMRC), ont créé des partenariats avec des organisations des Premières Nations pour l’exploitation de bases d’intervention. Par exemple, la WCMRC offre des programmes spéciaux de formation avec les Premières Nations côtières en Colombie-Britannique. Ces formations conjointes permettent de créer des relations positives, d’échanger des connaissances et des compétences, et d’apprendre à collaborer en prévision d’un déversement d’hydrocarbures.

Des membres de cinq communautés autochtones de la région de Vancouver prennent part à une formation sur l’intervention en cas de déversement d’hydrocarbures de la WCMRC, en 2018. Image gracieuseté de la Western Canada Marine Response Corporation

Établir des relations solides : le rôle des ports dans la réconciliation

Certains ports sur la côte ouest du Canada ont reconnu la nécessité de créer ou de redéfinir leurs stratégies en matière de mobilisation des communautés autochtones. Au cours des cinq dernières années, l’Administration portuaire Vancouver Fraser et l’Administration portuaire de Prince Rupert ont mis sur pied des services de relations avec les Autochtones au sein de leurs organisations. Comme ces services sont dirigés par des employés expérimentés et engagés, la collaboration avec les Premières Nations touchées par les activités portuaires est devenue une priorité.

Pour Dianne Sparrow, directrice des relations avec les Autochtones au port de Vancouver, l’objectif est de créer des relations durables et positives entre le port et les communautés autochtones. Mme Sparrow vise à ce que les communautés autochtones locales soient consultées durant le processus décisionnel, pour garantir qu’elles bénéficient des activités du port et qu’elles participent activement aux affaires commerciales. Souvent, les communautés ont des inquiétudes par rapport aux incidences des activités portuaires sur l’écologie de leurs territoires. « Comment pouvons-nous leur donner un siège à la table de discussion, au lieu de les [consulter] à la fin du projet? », déclare Mme Sparrow.

Même si le port a l’obligation légale de consulter les communautés autochtones locales en vertu de la Loi maritime du Canada, un engagement significatif avec les dirigeants des Premières Nations procure d’autres avantages uniques. Mme Sparrow affirme que « les communautés autochtones peuvent apporter beaucoup aux entreprises en ce qui concerne la création d’un modèle d’affaires durable, prévisible et sûr pour l’environnement. Elles possèdent beaucoup de connaissances, et d’y avoir accès est une chance incommensurable. »

Cependant, comme dans tout partenariat d’affaires, équilibrer les intérêts de toutes les parties est une tâche complexe. « La rupture de la relation entre les entreprises canadiennes et les communautés autochtones résulte d’un manque de compréhension des différentes cultures », explique Maynard Angus, gestionnaire des relations avec les Autochtones au port de Prince Rupert. M. Angus a occupé différentes fonctions au port au fil des ans, la plus récente étant l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de mobilisation à long terme des peuples autochtones qui s’arrime avec les menaces communes, les priorités des communautés et les objectifs communs qui contribuent au succès économique.

Par expérience, M. Angus sait que le manque de compréhension entre les communautés autochtones et les entreprises peut causer des tensions autour des projets de développement. Il croit que les planificateurs de projets devraient mobiliser les dirigeants autochtones locaux le plus tôt possible afin d’échanger des idées. Une mobilisation dès les balbutiements des projets donne lieu à des relations plus solides fondées sur la communication, l’honnêteté et la confiance, lesquelles peuvent être avantageuses pour toutes les parties.

Non seulement Mme Sparrow et M. Angus consultent les communautés locales au sujet des activités portuaires, mais ils donnent également une formation sur l’histoire des peuples autochtones et la réconciliation aux employés de leur port. Ces ateliers permettent au personnel de se familiariser avec la culture des Premières Nations et de mieux comprendre l’importance de mobiliser les communautés autochtones dès le début des processus de prise de décision concernant les projets du port.

Il n’y a pas que les grands ports qui collaborent avec les communautés autochtones, certains ports et administrations portuaires de plus petites tailles le font également. À l’extrémité sud de l’île de Vancouver, la Greater Victoria Harbour Authority (GVHA) a été établie avec la conviction que les connaissances et la participation des Premières Nations doivent être au cœur de leur travail. Son conseil d’administration comprend des représentants des Premières Nations locales qui aident à orienter les stratégies organisationnelles et à prendre des décisions stratégiques. La création et le maintien de relations solides avec les communautés autochtones locales est un des cinq principes directeurs de la GVHA et une priorité clé de l’organisation.

La diversité et l’inclusion constituent également une priorité pour l’Administration portuaire d’Halifax. « Nous devons trouver de nouvelles façons de travailler avec les communautés autochtones et avec d’autres groupes, afin d’être ouverts et accueillants envers eux et de créer des occasions pour eux », déclare Lane Farguson, gestionnaire des relations avec les médias au port d’Halifax. « C’est un sujet très vaste et très complexe, et nous sommes au tout début du processus d’amélioration de nos politiques en matière de mobilisation, de diversité et d’inclusion pour les communautés autochtones et d’autres groupes racialisés. »

Ce genre de programme de relations avec les Autochtones ne constitue toutefois pas la norme dans toutes les sociétés de transport maritime et autorités portuaires du pays. Mme Sparrow et M. Angus estiment que l’industrie du transport maritime a beaucoup de travail à faire en matière de réconciliation. Une meilleure communication et des liens interpersonnels plus solides avec les Autochtones, de même qu’une compréhension plus approfondie de leur vision du monde, pourraient donner lieu à une industrie du transport maritime plus efficace et plus durable au Canada.

Former la nouvelle génération de marins autochtones

Beaucoup croient que la réconciliation est un processus multigénérationnel et que le rétablissement de la confiance et de la compréhension entre les communautés côtières et l’industrie du transport maritime pourrait prendre des années. La création de nouvelles possibilités d’emploi et l’évolution des attitudes à l’égard du transport maritime pourraient être des éléments déterminants dans le processus de réconciliation. Au Canada, un certain nombre d’établissements d’enseignement postsecondaire offrent des programmes spécialisés pour les futurs marins autochtones de même que des programmes pour les encourager à faire carrière dans l’industrie du transport maritime. De nombreuses sociétés de transport maritime ont d’ailleurs investi des sommes importantes dans des programmes de formation et d’enseignement qui visent à faire progresser les étudiants autochtones.

En Ontario, le Georgian College Centre for Marine Training and Research et le Huronia Area Aboriginal Management Board se sont associés pour donner aux étudiants autochtones la possibilité de suivre des cours dans le domaine maritime. Dans le secteur commercial, ils font aussi beaucoup de formation sur les compétences des conducteurs de petits navires au sein des Premières Nations, à l’intention des premiers répondants qui conduisent des bâtiments ou pour diverses applications commerciales. Les instructeurs visitent des Premières Nations jusqu’à la baie James, dans le nord du Québec, et Walpole Island, dans le sud de l’Ontario.

Programmes de stage de la Société maritime CSL Inc., de Seaspan et d’Irving

La Société maritime CSL Inc., en partenariat avec la communauté Anishinabek, le Georgian College et le Syndicat international des marins, a lancé un programme de formation sans octroi de brevet pour attirer de nouveaux talents dans l’industrie. La Société maritime affirme qu’elle espère continuer à développer ce programme de formation, afin de présenter à d’autres communautés autochtones au Canada les occasions qui s’offrent à elles dans le secteur maritime.

Seaspan investit aussi dans la formation et les possibilités d’emploi pour les Autochtones, afin d’appuyer l’initiation au travail, les programmes de stage et les possibilités d’emploi pour les Autochtones, grâce à des partenariats avec l’Aboriginal Marine Training to Employment Partnership, l’Aboriginal Community Career Employment Services Society et la Coast Salish Employment and Training Society.

Sur la côte est canadienne, Irving Ship Building Inc., en Nouvelle-Écosse, collabore avec plusieurs partenaires de l’industrie, du gouvernement et des communautés autochtones afin de lancer un programme d’éducation et de stages qui permettra de créer 20 emplois pour des étudiants autochtones dans le domaine de la transformation des métaux. Ce programme, offert au Campus Akerley du Collège communautaire de la Nouvelle-Écosse à Dartmouth, donne aux étudiants diplômés la possibilité d’entreprendre une longue carrière dans le domaine de la construction navale à son chantier d’Halifax.

Ce projet pilote mise sur des partenariats avec les secteurs de l’éducation, de l’industrie et communautaire pour créer un modèle qui permettra aux Autochtones d’accéder à une carrière dans l’industrie de la construction navale. Pendant deux ans, les participants travaillent ensemble et sont encadrés par des intervenants de la communauté et de l’industrie, notamment par des employés autochtones qui travaillent sur le chantier naval à Halifax.

Partenariat entre l’Université Memorial et le Nunavut

Le Marine Institute de l’Université Memorial de Terre-Neuve et le Nunavut Fisheries Marine Training Consortium offrent de la formation à près de 300 étudiants nunavois, et la quasi-totalité du programme se donne au Nunavut. En s’inscrivant à un programme en sciences nautiques, offert tout au long de l’année, les étudiants peuvent devenir capitaines de navires de différentes tailles. À l’issue du programme d’une durée de quatre ans et demi, ils peuvent être aux commandes d’un navire de pêche de petite ou moyenne taille et sont autorisés à travailler en mer en vertu de la réglementation de Transports Canada.

En avril 2019, l’une des plus vastes initiatives d’éducation des Premières Nations a été lancée en partenariat avec deux écoles postsecondaires de la Colombie-Britannique, le Camosun College et l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique (BCIT), afin d’offrir un programme amélioré d’évaluation du personnel de quart à la passerelle. Grâce au soutien accordé par le gouvernement fédéral dans le cadre du Plan de protection des océans, ce programme réduit les obstacles à la formation pour les groupes sous-représentés dans le commerce, comme les femmes et les Autochtones, afin de leur fournir les compétences nécessaires pour obtenir un emploi de premier échelon sur un navire commercial. Ce programme comprend notamment une formation sur l’évaluation du personnel de quart à la passerelle, un cours d’opérateur de radiotéléphone à usage restreint, une formation de base sur la sécurité, sur les premiers secours en mer et sur les engins de sauvetage.

Des étudiants autochtones du programme maritime de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique (BCIT) de Kitimat, C.-B., reçoivent des instructions. Image gracieuseté de Kris Mantta

John Dymond, M.B.A., gestionnaire du développement à l’École des transports du BCIT, souligne que le programme amélioré d’évaluation du personnel de quart à la passerelle comporte une série de modules qui visent à préparer le candidat aux activités quotidiennes à bord de différents navires. Ces activités comprennent les fonctions de navigation, les cartes marines et le balisage, les câbles et cordages, le mouillage et l’ancrage, les opérations de manutention des cargaisons, les communications, de nombreuses fonctions de sécurité du navire ainsi que la compréhension de la réglementation maritime. Les étudiants obtiennent un certain nombre de certificats de Transports Canada et un crédit applicable sur le temps de service en mer obligatoire.

Des étudiants autochtones du programme maritime de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique (BCIT) explorent l’héritage maritime de la Colombie-Britannique au musée maritime de Vancouver. Image gracieuseté de Kris Mantta

Lorsqu’il a décidé d’accueillir sa deuxième cohorte d’étudiants, le BCIT s’est associé à la Kitimat Valley Educational Society et à la Nation Haisla pour offrir un programme de 12 semaines dans la communauté, et quatre semaines de formation supplémentaire dans la région de Vancouver. En janvier 2020, ces étudiants ont obtenu leur diplôme et certains ont reçu une offre d’emploi de Seaspan, de West Coast Launch et de BC Ferries. « Non seulement nous nous sommes engagés à leur fournir un diplôme ou une certification, mais aussi à les aider à trouver un endroit où faire leur service en mer et commencer leur carrière de marin. Le BCIT entretient des relations étroites avec de nombreuses sociétés de transport maritime et nous comptons sur ces relations pour trouver des emplois aux diplômés du programme d’évaluation du personnel de quart à la passerelle », déclare M. Dymond.

Dymond évoque un thème récurrent, à savoir qu’il y a de nombreux avantages de recruter des Autochtones, notamment parce que leur relation avec les océans et les voies navigables du Canada date de très longtemps et parce qu’ils apportent de précieuses compétences et des points de vue uniques à l’industrie.

À titre d’établissement d’enseignement, l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique s’est engagé à prendre des mesures pour améliorer la compréhension des questions liées à la réconciliation. L’équipe de projet responsable du programme d’évaluation du personnel de quart à la passerelle a suivi une courte formation sur l’histoire du Canada du point de vue des Autochtones. D’autres établissements, comme le Georgian College, ont pris des engagements similaires vis-à-vis de la réconciliation. Le BCIT et le Georgian College sont des signataires du Protocole sur l’éducation des Autochtones de Collèges et instituts Canada, et la vision autochtone du BCIT est centrée sur ces principes.

« La communication et la réconciliation sont importantes pour de nombreuses raisons, mais ce qui compte vraiment, c’est de faire ce qui est juste, notamment respecter et inclure les peuples autochtones, les sensibiliser et collaborer avec eux », affirme M. Dymond. Le monde évolue et l’industrie maritime, comme d’autres industries, doit aussi évoluer. « Ce qui fonctionnait au 20e siècle ne fonctionnera plus encore très longtemps. L’enjeu ne se limite pas aux questions touchant les Autochtones; le moment est venu de nous réorienter. Les entreprises doivent évoluer si elles veulent réussir à long terme. »

Robert Shea, vice-président, Affaires universitaires et commerciales et vice-président adjoint, Affaires universitaires et étudiantes au Marine Institute de l’Université Memorial de Terre-Neuve, développe ce thème. Selon lui, le progrès pour les étudiants autochtones est étroitement lié aux besoins du marché du travail, car les travailleurs âgés prennent leur retraite et la pénurie de main-d’œuvre devient de plus en plus importante. Il croit que l’industrie doit bien planifier sa relève en se tournant vers la prochaine génération de marins.

Recruter dès le secondaire

« La sensibilisation des Premières Nations et la réconciliation avec celles-ci est une décision intelligente et pragmatique », affirme M. Shea. On veut une industrie du transport maritime axée sur l’équité, la diversité et l’inclusion. Je pense que l’industrie doit prendre du recul pour évaluer ses besoins et réfléchir à ses futurs équipages. Il faut commencer maintenant, et pas en faisant du recrutement dans les universités et les collèges, il faut commencer à approcher les élèves plus tôt, dès le début du secondaire », déclare-t-il.

Shea affirme que le marché actuel est un marché d’employés. « Les travailleurs nord-américains décident des emplois qu’ils veulent et ils ne choisissent pas nécessairement l’industrie du transport maritime. Cette dernière est donc en compétition avec une multitude d’autres professions. De plus, les futurs étudiants ont le monde à leur portée. La pandémie de COVID-19 nous a montré qu’il est possible de suivre un programme d’éducation au Nunavut, en Écosse ou au Botswana. L’endroit où on est n’a pas d’importance. »

Shea affirme qu’il faut aussi répondre aux besoins d’un monde en évolution. L’environnement de travail évolue, que ce soit sur le plan des questions liées aux Autochtones, au multiculturalisme, au genre ou qui touchent plusieurs générations. L’industrie du transport maritime doit reconnaître ces questions et s’adapter. Ses recherches montrent que l’industrie se dispute un nombre de plus en plus limité de travailleurs et que les travailleurs autochtones représentent un atout important.

Comment Clear Seas intègre-t-elle la réconciliation à sa mission?

Depuis sa création en 2015, Clear Seas s’est engagée envers les communautés autochtones et côtières. Elle reconnaît la place unique qu’occupent les peuples autochtones au Canada et qui leur confère des droits spéciaux, protégés en vertu de l’article 35 de la Constitution canadienne et reconnus par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cette reconnaissance comprend des titres ou des droits et l’intendance associée de leurs territoires, y compris les régions marines.

Clear Seas emploie une responsable des relations avec les communautés autochtones et côtières à temps plein, dont le rôle consiste à collaborer avec ces communautés en vue d’intégrer le savoir traditionnel à la recherche et d’élaborer de nouvelles idées de projets. L’organisation travaille aussi à intégrer des perspectives autochtones au développement de projets et à offrir des cours sur l’histoire et la culture des Autochtones à ses cadres et employés.

En conséquence, Clear Seas s’efforce d’impliquer activement les communautés autochtones dans la réalisation de ses recherches et le partage des connaissances pour une navigation maritime sûre et durable au Canada. En publiant de l’information impartiale et accessible sur le sujet, Clear Seas peut appuyer les communautés côtières dans leur processus décisionnel relatif aux questions maritimes.

Nous assistons aux premiers pas de la réconciliation au pays. À l’avenir, nous espérons élargir nos connaissances sur le transport maritime responsable en créant des partenariats durables avec les communautés autochtones du Canada et en échangeant des connaissances au sujet du transport maritime durable.

#Reconciliation #TransportMaritime

Voix autochtones

Le point de vue de Sarah

Déjà quelques mois se sont écoulés depuis mon entrée en poste à titre de responsable des relations avec les communautés autochtones et côtières au sein de Clear Seas et la pandémie de COVID-19 bat toujours son plein, mettant un frein temporaire à la dimension relationnelle de mon rôle. Or, surmonter les obstacles n’a rien de nouveau pour les Premières Nations du Canada, et c’est exactement ce que nous faisons à l’heure actuelle. Ces temps sans précédent nous amènent à travailler ensemble pour trouver de nouvelles façons de communiquer; les contraintes physiques n’existent plus alors qu’entrer virtuellement en contact avec des personnes de partout au pays fait maintenant partie de notre nouvelle réalité.

Grâce à ma capacité de créer des connexions d’un bout à l’autre du pays, j’ai développé un réseau de ressources me permettant de rejoindre les communautés autochtones et côtières, et d’écouter ce qu’elles ont à dire au sujet du transport maritime. Certaines de ces communautés ont déjà réalisé leurs propres recherches sur les activités de transport maritime qui ont lieu sur leurs territoires, alors que d’autres ne savent pas par où commencer.

Dans le cadre de mes nouvelles fonctions, j’espère aider toutes ces communautés à adresser leurs préoccupations et à déterminer leurs priorités en matière de recherche sur les incidences du transport maritime sur leurs territoires. Un autre volet dans l’établissement de ces relations est celui de développer un réseau par l’intermédiaire duquel les communautés autochtones pourront partager leur savoir et leurs ressources avec leurs homologues à travers le pays. Mon expérience de travail avec les Premières Nations du Canada montre que plusieurs de ces Nations font face aux mêmes problèmes et qu’elles possèdent des ressources qui, en étant partagées, permettront d’apporter plus rapidement des solutions aux problématiques rencontrées en évitant la duplication du travail.

Nous souhaitons tous que nos petits-enfants puissent grandir dans un environnement propre et sécuritaire, et devons travailler ensemble afin que ce désir devienne réalité.

Sarah Thomas
Directrice des programmes autochtones, Clear Seas

Clear Seas reconnaît le rôle que les Premières Nations jouent afin d’assurer une industrie du transport maritime sécuritaire et durable au Canada. Conséquemment, Clear Seas s’est donné la mission d’intégrer le savoir traditionnel autochtone et des perspectives des Premières Nations dans ses ressources et recherches.

Note de la rédaction : Vous aimeriez contribuer à ce blogue? Votre organisation participe à la réconciliation? Vous êtes Autochtone et vous aimeriez donner votre opinion sur le sujet? Partagez votre point de vue et expérience en écrivant à : info@clearseas.org

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