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Pleins feux sur la recherche : Véronique Nolet

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« Sans ce moyen de transport, le mode de vie moderne que nous connaissons aujourd’hui n’existerait pas. » – Véronique Nolet

Véronique Nolet est biologiste de la vie marine. Elle a obtenu son diplôme de l’Université du Québec à Rimouski (Québec), au Canada. Elle est surtout connue pour ses travaux visant à évaluer et à atténuer les répercussions des bruits sous-marins produits par le transport maritime et elle a mené une étude approfondie pour le compte de Transports Canada afin de présenter un rapport sommaire sur ce problème au gouvernement du Canada.

Mme Nolet est gestionnaire de programme à l’Alliance verte, le principal programme de certification environnementale pour l’industrie maritime nord-américaine. Elle est responsable de toutes les activités de l’Alliance verte relatives aux baleines et à d’autres mammifères marins, aux bruits sous-marins, aux relations avec les collectivités et à la gestion des déchets. De 2014 à 2017, elle a dirigé un groupe de travail binational sur les bruits sous-marins et a recueilli le point de vue de différents experts en vue d’élaborer les indicateurs de performance environnementale de l’Alliance verte pour les bruits sous-marins.

Entrevue

Parlez-nous de vos projets en cours.

Je suis une des trois gestionnaires de projet à l’Alliance verte. Nous collaborons sur tous les projets, mais pour ma part je me concentre principalement sur les problèmes liés aux bruits sous-marins, les relations avec les collectivités concernant la durabilité environnementale et la gestion des déchets. Cette année, par exemple, je travaille sur une initiative visant à améliorer la gestion des déchets dans les ports et les terminaux. Nous espérons pouvoir réduire la quantité de déchets produite en incitant les employés à réutiliser et à recycler leurs articles et à éliminer les matières organiques convenablement.

Je mène aussi des recherches sur les collisions entre les mammifères marins et les navires. Même si ce type de collision n’est pas visé par le programme de l’Alliance verte à l’heure actuelle, je renseigne nos membres et l’ensemble de l’industrie afin de prévenir les accidents. À titre de biologiste de la vie marine, tout ce qui concerne le bien-être des baleines m’intéresse énormément.

En ce moment, j’étudie principalement les répercussions des collisions entre les navires et les baleines noires de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent. Je suis de très près toutes les recherches afin de mieux renseigner l’industrie du transport sur les endroits où se trouvent les baleines dans les eaux canadiennes en été. Nous avons besoin de meilleures données sur la répartition des baleines, car leurs habitudes migratoires et alimentaires changent.

La possibilité de collision est plus grande si nous ne savons pas où les baleines se trouvent. C’est pourquoi plusieurs associations de transport maritime se tournent vers l’Alliance verte pour savoir comment modifier leurs activités afin de réduire le risque de collision avec une baleine.

(Photo : Véronique Nolet, Alliance verte)

Avant, je travaillais pour le Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM), où j’étais la rédactrice principale des guides qui aident les marins à identifier les baleines et les informent au sujet de leur migration probable et de leur habitat.

L’Alliance verte et le ROMM ont poussé l’initiative plus loin en offrant un programme de formation sur l’identification des mammifères marins. Je monte moi-même à bord de différents navires pour montrer aux capitaines et leur équipage comment identifier les baleines, ce qu’ils doivent faire s’ils aperçoivent une baleine devant le navire et quelles autres mesures ils peuvent prendre pour éviter une collision. Je leur montre aussi comment tenir un registre de leurs observations et préparer des rapports pour alimenter la banque de données du ROMM.

(Photo credit: Véronique Nolet, Green Marine)

Pouvez-vous nous parler de quelques-uns de vos objectifs?

Tout ce que je fais s’inscrit dans le cadre de la mission principale de l’Alliance verte qui est de guider l’industrie du transport maritime vers l’excellence environnementale. Ma formation scientifique me permet notamment :

  • de détecter les problèmes émergents;
  • d’évaluer les problèmes actuels à partir des recherches existantes et imminentes;
  • de faciliter la discussion entre l’industrie, les organismes gouvernementaux, le milieu universitaire et les innovateurs technologiques afin de trouver des solutions réalisables pour éliminer ou réduire les répercussions sur l’environnement.

Quel est le message clé de vos recherches?

Ensemble, nous pouvons faire mieux! Je le crois vraiment. En fait, je l’ai constaté à maintes reprises dans mon travail à l’Alliance verte. Nous invitons des membres de la communauté scientifique, des organismes non gouvernementaux et d’autres intervenants clés à venir s’asseoir avec les représentants de l’industrie et du gouvernement pour discuter de différents enjeux. Cette approche inclusive nous permet d’aborder chaque problème sous toutes ses facettes, y compris les problèmes régionaux. Ensuite, nous essayons d’arriver à un consensus en respectant l’objectif fondamental de l’Alliance verte concernant l’amélioration continue de l’environnement.

Quand ce programme prendra-t-il fin?

Le programme de certification environnementale de l’Alliance verte évolue continuellement. Il est revu tous les ans et modifié afin de garantir que ses critères de haut niveau vont au-delà des règlements existants et imminents. Nous ne nous attendons pas à ce que les difficultés diminuent et l’industrie du commerce maritime et d’autres grandes industries cherchent des solutions pour ralentir le changement climatique, protéger l’habitat et sauvegarder les espèces. Nous avons déjà fait de grands progrès, mais il nous reste encore beaucoup de travail à faire.

De quelle façon vos recherches seront-elles utilisées?

Mes recherches et mes recommandations sont utilisées pour faire évoluer le programme. Les résultats de recherche donnent parfois lieu à l’ajout de nouveaux indicateurs de performance environnementale pour le programme. Ils éclairent aussi les discussions concernant les critères que chaque participant doit respecter pour atteindre un certain niveau de performance environnementale au sein du programme. Dans le cas d’un enjeu particulièrement critique, mes résultats de recherche peuvent parfois amener l’industrie à prendre des initiatives volontaires.

J’espère que mes travaux sur les collisions avec les navires permettront de mieux comprendre et de mieux protéger les baleines et d’autres mammifères marins, et que les mesures proposées pourront être appliquées par l’industrie du transport maritime. À l’heure actuelle, les navires ralentissent pour éviter des collisions fatales et cela cause des difficultés économiques à l’industrie. Les choses seraient plus faciles si nous savions où sont les baleines. L’Alliance verte et d’autres organismes tentent par tous les moyens de convaincre le gouvernement du Canada de la nécessité d’avoir une station d’écoute des baleines dans le golfe du Saint-Laurent pour améliorer la surveillance. J’espère que mes recherches sur la baleine noire de l’Atlantique Nord profiteront à d’autres espèces, comme le rorqual bleu et le béluga dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Qui finance vos recherches?

L’Alliance verte est un organisme sans but lucratif. Nos principales sources de financement sont les cotisations annuelles versées par nos membres et les profits après les coûts pour l’organisation de notre conférence annuelle GreenTech. L’Alliance verte ne reçoit aucune contribution ni subvention, mais on nous a demandé de mener certains travaux de recherche spécifiques, comme le rapport sur les bruits sous-marins que j’ai préparé pour Transports Canada.

Qu’aimeriez-vous que le monde sache à propos de votre travail?

Les sociétés de transport maritime membres de l’Alliance verte sont vraiment proactives sur le plan environnemental. Elles prennent des initiatives volontaires importantes. Elles pensent à l’avenir et cherchent à améliorer leur performance environnementale au sein du programme d’une année à l’autre. Ce n’est pas facile, car les critères sont de plus en plus rigoureux et de nouveaux indicateurs de performance s’ajoutent régulièrement.

Qu’aimeriez-vous que le monde sache à propos du transport commercial maritime?

Je pense que beaucoup de gens ne réalisent pas que presque tout ce qu’il y a dans leur maison, leur bureau, leur gymnase ou ailleurs a été transporté par un navire commercial à un moment ou à un autre. Sans ce moyen de transport, le mode de vie moderne que nous connaissons aujourd’hui n’existerait pas. Bien des gens accusent les navires d’être de grands pollueurs flottants, mais ils ne savent pas qu’il s’agit du moyen de transport le plus écoénergétique et le plus écologique pour transporter de grandes quantités de marchandises. Les sociétés de transport améliorent sans cesse leur efficacité grâce à des conceptions, des matériaux, de l’équipement et des technologies de pointe qui leur permettent de réduire leur empreinte environnementale.

(Photo : Véronique Nolet, Alliance verte)

Qu’est-ce qui vous inspire dans votre travail?

J’ai à cœur de garantir la survie des baleines et des autres mammifères marins. Je suis aussi inspirée par la synergie qui se crée lorsque différentes personnes se réunissent pour relever des défis communs, en partageant leur propre expertise et leur propre expérience. Je me lève le matin et je me dis : « Youppi! Au travail! », car nous avons beaucoup à faire et les discussions sont toujours très intéressantes.

Depuis que je travaille à l’Alliance verte, je comprends beaucoup mieux le fonctionnement et les activités de l’industrie du transport maritime. Quand nous discutons de solutions environnementales importantes, je tiens compte des réalités de l’industrie pour ne pas nuire inutilement à ses activités commerciales et pour que nous puissions continuer à recevoir nos marchandises par navire tous les jours.

Pour en savoir plus

Vous trouverez plus de renseignements sur le site web de l’Alliance verte, notamment les indicateurs de performance environnementale du programme. Vous y trouverez aussi les rapports intitulés Bruits sous-marins et mammifères marins et Comprendre les bruits sous-marins d’origine anthropique.

À propos de Véronique Nolet :

Véronique Nolet a consacré une grande partie de sa carrière à la protection et la conservation des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent. Elle a joué un rôle de premier plan dans la production du guide intitulé Navires et baleines de l’Atlantique nord-ouest : un guide à l’intention de l’industrie maritime et a collaboré à la création d’autres outils de formation et de sensibilisation similaires pour l’industrie du transport maritime. Elle siège au Comité technique pour la protection de la baleine noire de l’Atlantique Nord du Canada et au Comité consultatif indépendant, un forum binational composé d’ONG, de scientifiques et de représentants de l’industrie qui travaillent en vue de garantir la cohérence des mesures prises par les gouvernements canadien et américain pour protéger la baleine noire de l’Atlantique Nord. Mme Nolet a été invitée à prendre la parole lors de nombreux forums sur les efforts de l’industrie maritime pour atténuer les bruits sous-marins, notamment lors de la 19e réunion du Processus consultatif officieux ouvert à tous sur les océans et le droit de la mer qui a eu lieu en juin 2018 au siège social des Nations Unies à New York et qui avait pour thème les bruits sous-marins d’origine anthropique.

(Photo: Catherine Giroux)

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Publié | Modifié le