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Intégrer l’approche à double perspective dans l’économie bleue : Réflexions de la Génération bleue à l’occasion de la Semaine mondiale de l’océan

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L’économie bleue offre de nombreuses possibilités de carrière. Des biologistes marins qui étudient les écosystèmes aux scientifiques qui analysent de vastes ensembles de données, en passant par les ingénieurs qui créent des solutions innovantes en matière d’énergie renouvelable, les possibilités sont infinies. Il est essentiel d’équilibrer cette croissance avec les efforts de conservation des populations autochtones dont les communautés sont étroitement liées à l’océan afin de lutter contre les changements climatiques et de les atténuer.

En tant que responsable de programmes autochtones chez Clear Seas, j’ai eu le privilège d’emmener des participants de notre Programme Transition de carrière pour les Autochtones et de notre Programme de stage destiné aux étudiants autochtones à la Semaine mondiale de l’océan à New York. Soutenus par le financement de la Supergrappe océanique du Canada, nous sommes venus à New York pour nous joindre à la Génération bleue, un groupe de 35 gardiens des océans en début de carrière, originaires d’une douzaine de pays et possédant des expériences et des antécédents très variés. La collaboration avec des experts de la recherche et de la conservation des océans au cours de cet événement m’a permis de mieux comprendre les défis auxquels nos océans sont confrontés en raison des changements climatiques. J’ai également réalisé que ce n’est que par l’innovation collective et l’utilisation de l’approche « à double perspective » envisagée par l’aîné Mi’kmaq Albert Marshall que nous pourrons surmonter ces obstacles.

La Génération bleue avec la Dre Sylvia Earle suite à sa présentation sur “Les dangers de l’exploitation minière en haute mer”

L’économie bleue offre de nombreuses possibilités de carrière. Des biologistes marins qui étudient les écosystèmes aux scientifiques qui analysent de vastes ensembles de données, en passant par les ingénieurs qui créent des solutions innovantes en matière d’énergie renouvelable, les possibilités sont infinies. Au cours de nos séances, nous avons découvert les différents emplois disponibles dans l’industrie maritime, mais ce qui rend ces carrières fascinantes, c’est leur interconnexion. Par exemple, les données recueillies par les scientifiques marins peuvent influencer les politiques de gestion de la pêche et les progrès de la technologie de l’intelligence artificielle améliorent les prévisions climatiques grâce à la modélisation océanographique. Ces liens favorisent un environnement de collaboration où des professionnels de différents domaines se réunissent pour relever les défis complexes auxquels nos océans sont confrontés. C’est précisément la raison pour laquelle la Génération bleue revêt une telle importance.

Présentation lors de la Semaine mondiale de l’océan de Hohonu, une entreprise innovante de surveillance de l’eau qui vise à améliorer l’adaptation au climat dans les gouvernements et les entreprises

Dans le cadre de la programmation de la Semaine mondiale des océans, Titouan Bernicot nous a relaté son parcours inspirant. Ayant grandi sur une île isolée du Pacifique Sud, les liens profonds qui le rattachent à l’océan et aux récifs coralliens l’ont amené à fonder Coral Gardeners à l’âge de 18 ans en 2017. Avec une équipe dévouée de plus de 30 membres, Coral Gardeners a déjà planté 30 000 coraux en Polynésie française et vise à planter un million de coraux dans le monde d’ici 2025. En outre, ils renforcent les capacités en donnant aux communautés locales les moyens de devenir des jardiniers du corail. Par l’intermédiaire de son organisation, il se concentre non seulement sur les efforts de restauration des récifs, mais il sensibilise également les communautés et assure le développement de l’innovation par l’intermédiaire de leurs laboratoires. L’histoire de Titouan fait écho à nos programmes autochtones, car nous nous efforçons également de créer des parcours professionnels durables et d’autonomiser les communautés.

Si la croissance de l’économie bleue et la création d’emplois qui l’accompagne sont passionnantes, elles suscitent également des inquiétudes. Alors que la société reconnaît de plus en plus le potentiel économique de nos océans et de nos ressources côtières, il est essentiel d’équilibrer cette croissance avec les efforts de conservation des populations autochtones dont les communautés sont étroitement liées à l’océan afin de lutter contre les changements climatiques et de les atténuer. En participant à la cohorte Génération bleue, j’ai pu constater le rôle essentiel, mais souvent négligé, que jouent les voix autochtones dans l’élaboration des politiques concernant nos eaux. Les communautés autochtones ont un lien profond avec l’océan, et leurs connaissances et perspectives sont inestimables lorsqu’il s’agit de comprendre et de sauvegarder nos environnements marins.

Dans le contexte de l’économie bleue, il est primordial d’adopter une approche à double perspective. Cela signifie qu’il faut valoriser les connaissances autochtones et occidentales sur l’océan. Les communautés autochtones ont une connaissance approfondie des cycles de l’océan, de l’interdépendance des espèces et de l’importance de la conservation. Ces connaissances sont transmises de génération en génération et proviennent de leur relation étroite avec les environnements marins. D’autre part, les approches occidentales, comme la recherche scientifique et l’analyse des données dans des disciplines telles que la biologie marine et l’océanographie, fournissent des renseignements importants sur les écosystèmes océaniques et les répercussions de l’activité humaine. En reconnaissant et en combinant ces perspectives, nous pourrons relever plus efficacement les défis de la conservation et de la durabilité des océans.

Emily Howell de SmartIce, Amanda Normore d’Indigrow et Stephanie Hurlburt de Clear Seas à la Semaine mondiale de l’océan, à New York

En réfléchissant au temps que j’ai passé dans le programme Génération bleue, il devient évident que l’adoption des principes de l’approche à double perspective est essentielle pour créer une économie bleue durable qui profite aux communautés autochtones et protège la santé de nos eaux. En encourageant la collaboration et en intégrant le savoir autochtone, nous pouvons travailler ensemble à l’élaboration de carrières marines qui profitent à tous et protègent nos précieux réseaux de vie océanique. J’ai été heureuse d’avoir l’occasion d’échanger avec le groupe Génération bleue certaines idées issues de nos programmes autochtones, dans l’espoir de souligner l’importance de créer des parcours professionnels inclusifs et épanouissants pour les populations autochtones et, en retour, de renforcer l’autonomie de ces communautés. Il est essentiel que nous comblions le fossé existant et que nous reconnaissions comme il se doit les voix autochtones dans le façonnement de l’avenir de nos océans.

Emily Howell et Amanda Normore du Programme de transition de carrière pour les autochtones, Charity Champagne du Programme de stage destiné aux étudiants autochtones et Stephanie Hurlburt de Clear Seas explorant New York

Stephanie Hurlburt est membre de la Nation crie Sapotaweyak et responsable de programmes autochtones chez Clear Seas.

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