Espèces envahissantes et transport maritime #EspècesEnvahissantes #EauDeBallast #EncrassementBiologique #clearfacts

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Les navires commerciaux, qui naviguent les eaux du monde d’un port à l’autre, transportent jusqu’à 90 % de nos marchandises et denrées essentielles et peuvent, malgré eux, transporter plus que la cargaison prévue.

Sans des mesures préventives, les navires peuvent transporter et introduire des espèces étrangères dans de nouveaux environnements marins où, en l’absence de prédateurs naturels, ces espèces dites envahissantes peuvent menacer les écosystèmes locaux et nuire à l’environnement, à l’économie et à la santé humaine.

Ce site, créé par le Centre pour le transport maritime responsable Clear Seas, présente de l’information impartiale sur le sujet des espèces envahissantes dans les eaux canadiennes. Notamment, comment elles se déplacent, les menaces qu’elles posent et la manière dont elles peuvent être neutralisées.

Les Espèces envahissantes dans les eaux canadiennes

Le Canada est une nation maritime. Chaque jour, des navires commerciaux de partout à travers le monde sillonnent ses eaux côtières, ses fleuves et ses lacs, transportant ses importations et exportations. Chacun de ces navires peut potentiellement causer des dommages s’il transfert, par accident, des espèces nuisibles d’un endroit à l’autre.

À l’heure actuelle, la propagation des espèces envahissantes est considérée comme la deuxième principale menace pour la diversité naturelle dans les milieux aquatiques après la destruction des habitats. Les sommes engagées pour réparer les dommages causés par les espèces envahissantes et gérer leurs impacts sont importantes et ne cessent d’augmenter. Il est difficile d’estimer les dommages financiers causés par les espèces envahissantes à l’échelle mondiale, mais une étude a conclu que les poissons envahissants ont eu des « impacts écologiques et économiques pernicieux sur les écosystèmes aquatiques et terrestres ». Une base de données répertoriant les coûts connus jusqu’en 2017 indique des frais mondiaux de 1,28 milliard de dollars américains pour toutes les espèces terrestres et aquatiques envahissantes signalées, avec des coûts d’au moins 580 millions de dollars par an pour le Canada pour ce qui est des espèces aquatiques envahissantes seulement.

Comme la circulation des navires dans les eaux canadiennes ne cesse d’augmenter – en particulier dans des zones vulnérables comme l’Arctique – il existe un besoin croissant de comprendre et de prévenir les effets potentiellement dévastateurs des espèces envahissantes et de limiter leur introduction et leur propagation.

En savoir plus: l’approche de gestion des espèces aquatiques envahissantes du gouvernement du Canada

  • D’où viennent donc ces espèces envahissantes?
  • Comment aboutissent-elles dans les eaux canadiennes?
  • Pourquoi causent-elles autant de dommages et quelles sont les actions prises pour freiner leur propagation et limiter leurs effets négatifs?

Qu’est-ce qui rend une espèce « envahissante »?

Depuis longtemps, les espèces utilisent les océans et les cours d’eau du monde pour se déplacer d’une région à l’autre. Auparavant, ces mouvements étaient relativement lents et rares, et principalement provoqués par des éléments naturels comme les courants et les vents ou par des baleines ou des bûches qui servaient de moyen de transport.

L’explosion des activités humaines sur les mers – dont le transport maritime commercial – a multiplié les possibilités pour les espèces de se réfugier sur la coque ou à l’intérieur des navires et de voyager d’un écosystème à un autre.

Quand des espèces – que ce soit un animal, une plante ou un microorganisme – arrivent dans un nouvel habitat aquatique, plusieurs scénarios et conséquences peuvent survenir:

  • Elles peuvent trouver hostile le nouvel environnement et s’éteindre;
  • Elles peuvent survivre en petit nombre avec peu ou aucune incidence;
  • Elles peuvent prospérer dans le nouveau milieu et leur population peut augmenter et devenir dominante, entraînant des incidences négatives sur le nouvel environnement.

En savoir plus: comment reconnaître une espèce aquatique envahissante

Lorsqu’une nouvelle espèce prospère et commence à transformer l’environnement marin ou à l’endommager, elle est désignée comme étant envahissante. Une fois établie dans un nouveau milieu au Canada ou ailleurs, une espèce envahissante peut nuire à l’écologie, à l’économie et au bien-être humain de plusieurs façons. Elle peut notamment:

  • Réduire la biodiversité et menacer les espèces existantes en introduisant des maladies, en s’alimentant de ces espèces ou de leurs sources de nourriture, ou en s’appropriant leur habitat;
  • Dégrader la qualité de l’eau et des habitats;
  • Endommager les infrastructures comme les quais et les systèmes d’alimentation électrique, d’eau et de navigation;
  • Éroder les littoraux;
  • Réduire la valeur des propriétés riveraines;
  • Entraver les loisirs aquatiques et les activités touristiques;
  • Réduire la productivité des pêches et de l’aquaculture;
  • Nuire aux cultures autochtones et à leurs sources traditionnelles de nourriture;
  • Mener à des restrictions commerciales.

L’incidence des espèces envahissantes à l’échelle mondiale

Plus de 80 % des écorégions mondiales ont subi les effets d’au moins une espèce envahissante nocive, alors que certaines régions ont subi les effets de plusieurs espèces.

Nombre d’espèces envahissantes nocives connues:

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

COMMENT SE PRODUIT L’INVASION D’UNE ESPÈCE?

Les espèces envahissantes peuvent pénétrer dans de nouveaux environnements aquatiques de plusieurs manières, y compris par :

  • Dispersion naturelle par les courants et les mouvements de l’eau
  • Mise en liberté accidentelle ou volontaire par les humains d’espèces vivantes (appâts, animaux domestiques) dans l’environnement marin
  • Construction de canaux et de structures de déviation de cours d’eau
  • Navigation de plaisance
  • Transport maritime commercial

Le transport maritime commercial est considéré comme la plus grande source de nouvelles invasions d’espèces envahissantes à l’échelle mondiale.

Les navires peuvent transporter des espèces de port en port par deux voies principales :

L’eau de ballast :

L’eau de ballast est de l’eau puisée de l’environnement dans lequel se trouve le navire et qui est entreposée dans des réservoirs spécialisés. L’eau de ballast joue un rôle critique dans le maintien du poids et de la stabilité du navire lors des opérations de chargement et de déchargement de cargaison de même que durant le voyage. Les espèces aquatiques peuvent être aspirées dans l’eau de ballast lorsque cette dernière est pompée dans les réservoirs et relâchées dans un nouvel environnement lorsque le navire doit décharger pour prendre une cargaison dans un nouveau port.

L’encrassement biologique :

Des organismes vivants tels que des algues, des microbes, des moules et des pouces-pieds, peuvent s’attacher à la coque des navires dans un processus appelé « salissure de la coque » ou « biosalissure ». Les espèces qui s’attachent à la coque des navires peuvent être transportées sur de longues distances et se détacher et se reproduire dans un nouvel environnement. Outre les surfaces plates de la coque, les organismes marins peuvent aussi s’attacher et s’agglomérer sur les propulseurs d’étraves, les gouvernails, les hélices, les points d’admission d’eau et les caissons de prise d’eau (des cavités protégées couvertes de grilles et exposées à un flot constant d’eau de mer).

En savoir plus sur l’eau de ballast et l’encrassement biologique

De nombreuses espèces aquatiques ont été transportées autour du monde par la décharge des eaux de ballast et par l’encrassement biologique. Ces deux voies d’introduction jouent un rôle important (sans toutefois être les seules par lesquelles les espèces envahissantes peuvent se déplacer), mais certaines espèces et régions semblent subir plus d’invasions par une voie que par l’autre.

En Nouvelle-Zélande, l’encrassement biologique a été trouvé responsable d’environ 70 % des espèces aquatiques envahissantes, comparativement à seulement 3 % provenant de l’eau de ballast.
Dans les eaux américaines, l’encrassement biologique des coques est responsable d’environ 35 % des espèces aquatiques envahissantes, comparativement à 20 % provenant des eaux de ballast.

Espèces envahissantes courantes dans les eaux canadiennes

Toutes les côtes et les voies maritimes du Canada ont été touchées par des espèces envahissantes introduites par des navires. Jusqu’à présent, les effets les mieux connus sont observés dans les Grands Lacs. Un rapport de 2019 évaluant la santé écosystémique des Grands Lacs l’a qualifiée de mauvaise et en détérioration sur le plan des espèces envahissantes.

Environ 30 % des 185 espèces aquatiques envahissantes estimées s’être établies dans les Grands Lacs auraient été transportées dans l’eau de ballast des navires., Ces espèces ont et continuent de causer d’importants dommages économiques et écologiques à la région.

En savoir plus: base de données sur le coût économique des invasions biologiques dans le monde

Les côtes de l’Atlantique et du Pacifique ont également souffert des espèces envahissantes, qui ont entraîné des dommages pour les communautés côtières et autochtones de ces régions, en particulier dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture.

En raison des températures plus élevées et de la fonte des glaces, des couloirs de navigation s’ouvrent maintenant dans l’Arctique canadien, augmentant ainsi le risque que des espèces provenant de climats plus chauds soient transportées et introduites dans cette région éloignée et vulnérable, et causent des dommages.

La carte ci-dessous illustre l’incidence des espèces aquatiques envahissantes sur les écosystèmes et l’économie du Canada, à l’aide d’exemples d’espèces préoccupantes dans différentes
régions.

Espèces envahissantes dans les eaux canadiennes

Plus d’information au sujet d’importantes espèces envahissantes trouvées dans les eaux canadiennes, dont les effets sont ressentis dans les écosystèmes et les économies de ces régions.

Ascidie plissée
Crabe européen
Moule zébrée
Mysidacé tacheté
Grémille eurasienne
Crabe chinois à mitaine
Pouce-pied

Ascidie plissée (Styela clava)

Côtes du Pacifique et de l’Atlantique

L’ascidie plissée s’établit sur les cordes des installations d’aquaculture de moules à l’Île-du-Prince-Édouard où elle supplante les élevages de mollusques. Il en résulte des pertes économiques pour l’industrie des moules, qui produit plus de 70 % des moules bleues (Mytilus edulis) dans le marché de l’Amérique du Nord. L’ascidie plissée est également présente autour de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, où elle nuit aux installations d’aquaculture dans la mer des Salish.

En savoir plus: l’application des connaissances traditionnelles à l’étude de l’ascidie plissée à Haida Gwaii dans le cadre du Programme de stage destiné aux étudiants Autochtones de Clear Seas

Crabe européen (Carcinus maenas)

Côtes du Pacifique et de l’Atlantique

Le crabe européen a envahi de nombreuses régions côtières du monde, où son appétit pour les palourdes, les crabes et, plus récemment, le saumon, menace des pêches importantes, y compris les pêches alimentaires, cérémonielles et sociales des communautés autochtones.

Ce crabe affecte considérablement les pêches dans l’Atlantique depuis les années 1980. Sa présence a aussi été constatée en Colombie-Britannique à la fin des années 1990. Cette espèce agressive de crabe s’est rapidement répandue dans les dernières années, notamment autour de l’île de Vancouver, le long de la mer des Salish et de la côte centrale près de Bella Bella ainsi qu’à Haida Gwaii. Les initiatives de capture visant à réduire ses effets sur les pêches et sur la zostère s’intensifient.

Moule zébrée (Dreissena polymorpha)

Grands Lacs, fleuve Saint-Laurent, lac Winnipeg, rivière Rouge et fleuve Nelson

Les moules zébrées et quagga sont apparues dans les Grands Lacs à la fin des années 1980. Ces mollusques prolifiques sont connus pour s’attacher fermement à toute surface solide et causer des dommages à l’équipement des bateaux et aux quais, pour boucher les tuyaux, les centrales électriques et les installations de traitement de l’eau et pour avoir un effet négatif sur l’industrie du tourisme. Les moules zébrées et quagga affectent également les écosystèmes en consommant voracement du plancton, privant ainsi les espèces locales de leur nourriture et augmentant la prolifération d’algues toxiques.

L’incidence économique totale des moules zébrées et quagga sur les industries, le secteur des affaires et les collectivités de la région des Grands Lacs a été estimée à plusieurs milliards de dollars. La lutte contre ces moules a entraîné des coûts directs de 408,6 millions de dollars (jusqu’en 2017).

Ces moules se sont répandues dans les lacs et les rivières du Manitoba. La Saskatchewan et l’Alberta ont mis en place des programmes de prévention et n’ont pas encore découvert de moules zébrées ou quagga dans leurs eaux douces.,

Mysidacé tacheté (Hemimysis anomala)

Lacs Érié, Huron, Michigan et Ontario

Le mysidacé tacheté a été repéré pour la première fois en 2006 dans le lac Ontario et le lac Michigan, puis identifié dans les lacs Érié et Huron.,, Cette espèce aurait été transportée dans l’eau de ballast et ses effets sur l’écosystème ne sont pas totalement connus.

La croissance et la reproduction rapides de cette crevette, combinées à son appétit vorace pour le zooplancton, pourraient limiter les sources de nourriture pour les alevins locaux.

Grémille (Gymnocephalus cernua)

Lacs Érié, Huron, Michigan et Supérieur

Un type de perche originaire du nord de l’Europe et de l’Asie, la grémille est arrivée dans les Grands Lacs au milieu des années 1980 par les eaux de ballast des navires. La grémille s’adapte facilement, croît et se reproduit rapidement et est généralement à l’abri des prédateurs grâce à sa nageoire dorsale épineuse.

La grémille affecte les espèces locales en leur faisant concurrence pour la nourriture et l’habitat, en plus de se nourrir de leurs œufs. Elle peut rapidement devenir l’espèce de poisson dominante, contribuant au déclin des poissons indigènes.

Crabe chinois (Eriocheir sinensis)

Lacs Érié et Ontario, et fleuve Saint-Laurent

Le crabe chinois a des effets nocifs sur les pêches en raison de sa consommation d’œufs de saumon, de truite et d’esturgeon. Il constitue également une menace à la santé humaine, étant porteur de la douve du poumon, un parasite qui peut infecter ceux qui le consomment cru ou insuffisamment cuit.

Les activités d’enfouissement du crabe peuvent endommager l’habitat du poisson et accélérer l’érosion des berges et des digues.

Pouce-pied (Pollicipes Cornucopia)

Eaux arctiques

Plusieurs espèces très envahissantes de pouces-pieds ont été identifiées sur des navires biologiquement encrassés à destination de Churchill au Manitoba. La survie des pouces-pieds sur les navires dans les eaux glacées de la côte arctique suggère qu’ils seraient susceptibles d’établir avec succès des populations et faire concurrence aux espèces locales dans la quête de nourriture et d’espace, en modifiant ainsi le délicat équilibre de cet écosystème éloigné.

Avant:
Après:

La Réduction des invasions d’espèces causées par le transport maritime

Les propriétaires et les exploitants de navires adoptent certaines mesures pour réduire la probabilité de transfert d’espèces envahissantes par les eaux de ballast ou l’encrassement biologique. Ces mesures sont soit exigées par la réglementation, soit inspirées par les directives du Canada et d’autres pays.

La Convention internationale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires a été établie par l’Organisation maritime internationale (OMI) en 2004 et est entrée en vigueur en 2017.

Au Canada, des mesures réglementaires – connues sous le nom de Règlement sur le contrôle et la gestion de l’eau de ballast – ont été adoptées en 2006 en vertu de la Loi de 2001 sur la marine marchande du Canada afin de limiter la propagation des espèces envahissantes. En 2021, le Canada a adopté son nouveau Règlement sur l’eau de ballast, remplaçant la réglementation antérieure, dans le but d’imposer des exigences plus strictes aux navires et d’accroître la compatibilité entre les régimes canadien et américain concernant l’eau de ballast.

Prévenir le transfert d’espèces envahissantes par l’eau de ballast

Les propriétaires et les exploitants de navires sont tenus de prévenir le transfert d’espèces envahissantes en effectuant le traitement ou l’échange de l’eau de ballast :

Traitement

L’eau de ballast peut subir des traitements mécaniques, physiques, chimiques ou biologiques (notamment par l’utilisation de filtres, de produits chimiques, de rayons ultraviolets, de l’électrolyse ou d’ultrasons), à bord du navire ou à terre, pour détruire ou rendre inerte tout organisme contenu dans l’eau de ballast.

Échange

Le navire peut procéder à un échange de l’eau de ballast en remplaçant l’eau côtière ou l’eau douce par de l’eau prise en pleine mer durant le voyage afin de limiter le transfert d’espèces d’un écosystème côtier à un autre.

La réglementation en la matière s’applique aux navires canadiens partout dans le monde et aux navires étrangers circulant en eaux canadiennes qui peuvent transporter de l’eau de ballast. En vertu de cette réglementation, les exploitants de navires doivent :

  • Élaborer et mettre en place un plan de gestion des eaux de ballast;
  • Obtenir un certificat attestant que leur plan de gestion des eaux de ballast satisfait aux exigences de la Convention;
  • Conserver des copies de la réglementation sur les eaux de ballast et se soumettre à des inspections visant à confirmer leur respect;
  • Se conformer, d’ici 2024 (ou 2030 pour certains navires opérant dans les eaux canadiennes ou les Grands Lacs seulement), à une norme de rendement visant à limiter le nombre d’organismes rejetés dans l’eau (règle D-2 de la Convention).

Jusqu’ici, les dispositions pour la gestion de l’eau de ballast se sont avérées efficaces. Depuis leur adoption en 2006, aucune nouvelle invasion d’espèce aquatique par les eaux de ballast n’a été rapportée dans les Grands Lacs. Les mesures de traitement de l’eau exigées par le nouveau Règlement sur l’eau de ballast contribueront à prévenir la propagation des espèces envahissantes au Canada ainsi que le transfert d’espèces du Canada vers d’autres régions, protégeant ainsi la biodiversité mondiale.

En savoir plus sur la gestion des eaux de ballast dans les régions transfrontalières

Prévenir le transfert d’espèces envahissantes par l’encrassement biologique

Les propriétaires et les exploitants de navires appliquent des méthodes novatrices pour prévenir le transport des espèces envahissantes par l’encrassement biologique.

Revêtements antisalissures pour les coques

L’application de peinture non salissante ou d’autre forme de revêtement non toxique aux surfaces immergées des navires constitue le principal moyen de freiner la croissance d’organismes marins sur ces surfaces. Avant l’adoption de la Convention internationale sur le contrôle des systèmes antisalissures nuisibles sur les navires, entrée en vigueur en 2008, ces types de revêtements contenaient des composants toxiques qui dégageaient des métaux lourds dans l’océan.

Matériaux résistants à l’encrassement biologique

Les matériaux pour les tuyaux et autres éléments non peints sont conçus pour résister à la salissure.

Systèmes de prévention de la croissance d’organismes marins

Dans des endroits internes ou des niches comme des caissons de prise d’eau et des systèmes de refroidissement de l’eau de mer, la vie marine ne peut s’établir en raison de l’utilisation d’électrolyse par des anodes de cuivre, d’aluminium et de fer.

Nettoyages réguliers de la coque

Retirer les organismes marins de la coque peut se faire lorsque le navire est dans l’eau (à quai ou en route) ou hors de l’eau (en cale sèche). La fréquence requise de nettoyage dépend de la vitesse de prolifération de la vie marine, qui varie selon la vitesse de déplacement, le temps passé au mouillage ou au port et la température et la salinité de l’eau où circule le navire.

Des nettoyages plus fréquents maximisent le rendement énergétique du navire et signifient que ce dernier est moins susceptible de transporter des espèces d’un port à l’autre. Les progrès de la technologie robotique favorisent le développement de systèmes de nettoyage et de saisie dans l’eau par lesquels la saleté biologique est éliminée du navire par un robot et pompée à la surface pour être traitée afin de prévenir les dommages environnementaux et le transfert d’espèces envahissantes. Cette pratique émergente est soutenue par l’élaboration des Lignes directrices volontaires pour les autorités compétentes sur le nettoyage de bâtiments en milieu aquatique, qui a débuté en 2021.

Malgré qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, de règlement canadien ayant trait à l’encrassement biologique, le Canada reconnaît qu’il s’agit là d’une voie importante d’introduction et de transfert d’espèces aquatiques envahissantes et s’efforce de prévenir et d’atténuer les risques qu’il pose.

Mondialement, l’Organisation maritime internationale (OMI) recommande, mais n’exige pas encore des pratiques de gestion pour surveiller l’encrassement biologique.

En savoir plus sur les directives de l’OMI ayant trait à l’encrassement biologique

Initiatives en cours

Il existe, au Canada et internationalement, plusieurs initiatives qui contribuent à réduire le risque d’introduction et de transfert d’espèces envahissantes par les activités de transport maritime.

Central Coast Indigenous Resource Alliance
  • La Central Coast Indigenous Resource Alliance, qui réunit quatre Premières Nations (Heiltsuk, Kitasoo Xai'xais, Nuxalk et Wuikinuxv), a conclu un partenariat avec la province de la Colombie-Britannique afin de lancer le plan marin du MaPP pour la côte centrale de la Colombie-Britannique, basé sur une réponse coordonnée envers trois espèces aquatiques envahissantes : le crabe européen, l’ascidie plissée et les bryozoaires.
  • Dix individus (gardiens côtiers et autres employés de terrain) des quatre Nations surveillent ces envahisseurs aquatiques et recueillent des données de base sur leur présence, leur abondance et les dommages qu’ils causent aux écosystèmes. Les liens millénaires des quatre Nations avec ces écosystèmes constituent une partie intégrante de ce travail.
Programme de surveillance des espèces envahissantes
  • En 2012, le port de Prince Rupert a conclu un partenariat avec le programme d’écologie côtière appliquée du Coast Mountain College et le programme Plate Watch de l’Invasive Tunicate Network en vue d’entreprendre un des premiers programmes de surveillance des espèces aquatiques envahissantes sur la côte canadienne du Pacifique.
  • Ce programme surveille la présence du crabe européen, de l’ascidie plissée et des espèces de bryozoaires. Les participants au programme compilent et rapportent les résultats à un groupe d’experts, contribuant ainsi à un système de détection précoce des espèces envahissantes. Jusqu’à présent, aucune espèce envahissante n’a été détectée dans le havre de Prince Rupert, bien que quelques-unes aient été trouvées dans la zone plus étendue de la côte nord de la Colombie-Britannique.
Indicateurs de rendement concernant les espèces aquatiques envahissantes
  • Le programme de certification environnementale de l’Alliance verte comprend des indicateurs de rendement qui encouragent l’adoption, par les propriétaires de navires canadiens et internationaux, de pratiques exemplaires pour prévenir l’introduction d’espèces envahissantes, notamment par la tenue d’une liste d’inventaire annuelle concernant l’eau de ballast et par la participation à la recherche et au développement de nouveaux systèmes de traitement de l’eau de ballast. Ces indicateurs recommandent également que les propriétaires de navires effectuent des essais ou installent des systèmes de traitement de l’eau de ballast et appliquent des mesures de lutte contre l’encrassement biologique.
Projet de partenariats GloFouling
  • Lancé en 2017, ce projet rassemble le Fonds pour l’environnement mondial, le Programme des Nations Unies pour le développement, l’Organisation maritime internationale (OMI) et d’autres partenaires, dont Transports Canada, dans le but de renforcer les capacités des pays émergents à appliquer les directives de l’OMI concernant l’encrassement biologique.
  • Les pays participants collaborent pour élaborer des réformes de nature légale, politique et institutionnelle pour s’attaquer aux dossiers d’encrassement biologique dans leurs régions.
Normes nationales de la Nouvelle-Zélande concernant l’encrassement biologique
  • Le ministère des industries primaires de la Nouvelle-Zélande a été le premier au monde à adopter des normes nationales ayant trait à l’encrassement biologique pour tous les navires qui arrivent dans les eaux territoriales de ce pays depuis le mois de mai 2018.
  • La norme de gestion des risques liés aux bateaux en matière d’encrassement biologique exige que tous les navires qui arrivent en Nouvelle-Zélande aient une coque propre. La norme s’applique à tout navire au mouillage, à quai ou qui sera débarqué en Nouvelle-Zélande après un voyage commençant en dehors des eaux territoriales du pays.
Mise à jour du programme de la Californie sur les espèces marines envahissantes
  • De nouvelles mises à jour du programme ont pris effet en date du 1er janvier 2022 afin de répondre aux exigences en matière de déclaration concernant les navires et l’eau de ballast dans les eaux californiennes. Le plan de gestion de l’encrassement biologique et les programmes relatifs aux espèces envahissantes de cet État sont considérés comme plus stricts que les règlements des États-Unis et de l’Organisation maritime internationale.

À propos de Clear Seas

Le Centre pour le transport maritime responsable Clear Seas est un centre de recherche indépendant à but non lucratif dont le mandat est d’appuyer le transport maritime sécuritaire et durable au Canada.

Clear Seas a été établi en 2015 à la suite de discussions exhaustives avec le gouvernement, l’industrie, les organismes de préservation de l’environnement, les populations autochtones et les collectivités côtières, qui ont révélé un besoin pour de l’information objective au sujet de l’industrie du transport maritime au Canada. Pour en savoir plus sur les travaux, l’équipe et les bailleurs de fonds de l’organisation, cliquez ici.

Sources et citations

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  19. Cette carte n’illustre pas toute l’étendue de l’aire de distribution géographique des espèces citées en exemple et ne montre pas toutes les espèces envahissantes préoccupantes dans les eaux canadiennes.
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