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HYDROGÈNE ET TRANSPORT MARITIME


Qu’est-ce que l’hydrogène?



L’hydrogène (H₂) est l’élément le plus abondant de l’univers. On le trouve dans l’eau (H₂O), les plantes, les animaux et les hydrocarbures qui constituent les éléments de base de carburants tels que l’essence, le diesel et le gaz naturel. En tant que substance capable de stocker de l’énergie en vue d’une utilisation ultérieure, l’hydrogène est un élément très polyvalent qui peut être produit à partir d’électricité renouvelable. Il constitue donc un choix intéressant pour remplacer les combustibles fossiles et parvenir à des systèmes énergétiques durables.


Ce site fournit des renseignements issus de sources universitaires, industrielles et gouvernementales sur l’hydrogène et son potentiel en tant que cargaison et carburant durable pour le secteur du transport maritime. L’objectif du site est de susciter des conversations éclairées sur les avantages, les risques et les défis de la transition vers ce carburant.

Une source d’énergie émergente


Comme la demande mondiale d’énergie inclut une part croissante de sources d’énergie durables, l’hydrogène apparaît comme une solution potentielle pour le stockage et le transport de l’énergie. Dans ce contexte, l’hydrogène et les carburants dérivés, comme l’ammoniac, le méthanol et le méthane, devront être produits et transportés pour satisfaire la demande en énergie, comme c’est le cas pour le pétrole aujourd’hui.

Chaque année, les pétroliers transportent plus de 2 milliards de tonnes de pétrole brut dans le monde pour répondre aux besoins énergétiques de la planète.[1] Cette cargaison est évaluée à plus de 120 milliards de dollars et contient plus de 80 000 pétajoules[2] d’énergie, soit plus de 2,5 fois la capacité mondiale actuelle de production d’électricité issue des énergies renouvelables

En 2025, l’industrie maritime, par l’intermédiaire de l’Organisation maritime internationale (OMI), s’est engagée à mettre en place un cadre juridiquement contraignant pour parvenir à des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre (GES) avant ou vers 20501. Les carburants à base d’hydrogène apparaissent comme des candidats potentiels pour remplacer les carburants traditionnels des navires.

Les navires consomment actuellement environ 340 millions de tonnes de carburant[4]
par an, soit 14,2 pétajoules d’énergie (sur la base de 42 gigajoules par tonne de mazout lourd), principalement sous forme de mazout lourd ou de diesel-navire. Ce marché représente plus de 165 milliards de dollars, le prix du mazout lourd s’élevant à 500 dollars la tonne.

Ship illustration

Les émissions sur le cycle de vie désignent l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de la production, du transport et de l’utilisation d’un carburant quelconque – y compris l’hydrogène ou les carburants à base d’hydrogène –, à toutes les étapes, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à l’utilisation finale. Tous les types de GES, transposés en équivalent dioxyde de carbone, doivent être pris en compte dans l’analyse du cycle de vie d’un carburant.

L’empreinte totale des émissions des carburants à base d’hydrogène peut être comparée à celle des carburants fossiles qu’ils remplacent, grâce à l’évaluation des émissions sur le cycle de vie de chaque carburant. Des émissions peuvent être générées à chacune des étapes suivantes :

Émissions de production

Émissions issues de la fabrication du carburant. L’hydrogène vert produit par électrolyse à partir d’électricité renouvelable a des émissions quasi nulles, tandis que l’hydrogène bleu produit à partir de gaz naturel avec capture et séquestration du carbone peut avoir des émissions réduites.[20]


Émissions fugitives

Libération involontaire de GES dans l’atmosphère à un moment quelconque de la production, du stockage, du transport et de l’utilisation d’un carburant. L’hydrogène et le méthane sont des gaz à effet de serre puissants et toute fuite peut exacerber considérablement l’incidence des GES. Les technologies de détection et de réparation des fuites, telles que les drones et les traceurs, peuvent réduire les émissions fugitives tout au long de la chaîne d’approvisionnement


Émissions de gaz d’échappement

Émissions produites par la combustion des carburants dans un moteur :

  • Émissions de dioxyde de carbone – La combustion de carburants à base d’hydrogène contenant du carbone entraîne des émissions de dioxyde de carbone. Si le carbone contenu dans le combustible a été extrait de l’atmosphère par capture directe dans l’air, le CO2 libéré lors de la combustion est considéré comme neutre en carbone.
  • Émissions de protoxyde d’azote (N₂O)– La plupart des moteurs produisent de petites quantités de protoxyde d’azote résultant de la combinaison de l’azote du carburant avec l’oxygène de l’air (à ne pas confondre avec les émissions de NOx qui produisent du smog). Le protoxyde d’azote est un gaz à effet de serre très puissant, dont le potentiel de réchauffement planétaire est environ 300 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone.[21]


Les propriétés uniques de l’hydrogène nécessitent une infrastructure et une surveillance spécialisées. L’hydrogène et les carburants à base d’hydrogène sont déjà largement utilisés pour le raffinage, la production d’engrais et les produits chimiques. À mesure que l’hydrogène passe du rôle de matière première industrielle à celui de vecteur énergétique à faible teneur en carbone, de nouvelles normes et réglementations seront nécessaires pour garantir sa sécurité et son extensibilité.

Les normes et réglementations en vigueur pour le stockage et le transport de l’hydrogène et des carburants connexes sont encore en évolution et peuvent différer d’une région à l’autre :

Hydrogène

  • Pas réglementé à l’heure actuelle pour une utilisation maritime à grande échelle en raison de sa faible densité énergétique et du coût élevé de la liquéfaction.
  • Seuls de petits volumes d’hydrogène liquide peuvent actuellement être transportés par bateau.

Ammoniac 

  • Il existe une chaîne de transport maritime mondiale bien établie, principalement destinée aux engrais. Actuellement, de 11 à 14 millions de tonnes d’ammoniac sont transportées par mer chaque année[22] dans des navires gaziers réfrigérés spécialement conçus pour ce type de transport, souvent avec du gaz de pétrole liquéfié (GPL).
  • De nouvelles normes de sécurité sont en cours d’élaboration, car l’ammoniac commence à être utilisé comme carburant marin.

Méthanol

  • L’utilisation du méthanol est régie par les règles en vigueur pour les liquides inflammables.
  • Environ 13 millions de tonnes de méthanol sont transportées par voie maritime chaque année, ce qui en fait un élément établi du commerce mondial des produits chimiques [23]
  • L’infrastructure de ravitaillement, l’expérience opérationnelle et les règles de sécurité existent déjà, mais elles pourraient évoluer si le méthanol devenait un carburant marin plus répandu.

Méthane

  • Le méthane est transporté dans le monde entier en grandes quantités sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), avec une infrastructure et des cadres réglementaires établis.
  • Les navires alimentés au GNL sont déjà en service, en particulier dans les secteurs qui cherchent à réduire les émissions d’oxydes de soufre et d’azote.
  • Les émissions fugitives (émissions de méthane non brûlé) constituent une préoccupation environnementale et réglementaire majeure à mesure que son utilisation comme carburant marin devient de plus en plus répandue.

Les quatre carburants – hydrogène, ammoniac, méthanol et méthane (GNL) – devraient être soumis aux réglementations de l’OMI en fonction de leur évolution, conformément aux objectifs mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


En 2020, le gouvernement du Canada a publié une Stratégie pour l’hydrogène qui prévoit de recourir à de l’hydrogène à faibles émissions de carbone comme outil pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Depuis son lancement, environ 80 projets de production d’hydrogène à faibles émissions ont été annoncés au Canada. [31] Nombre de ces projets sont encore à l’étude ou en cours de développement. Le secteur de la production d’hydrogène au Canada continue d’évoluer, et il est impossible de savoir combien de projets seront menés à bien. En 2025, le gouvernement canadien a annoncé son intention de faire du Canada une superpuissance énergétique mondiale, tant pour les énergies propres que pour les énergies conventionnelles.


Potentiel de production d’hydrogène


Le Canada dispose d’une importante capacité potentielle de production d’hydrogène. Une carte des installations proposées et existantes présente les principaux projets d’hydrogène vert dans les provinces :


Marché national et mondial

Le Canada a le potentiel de produire de l’hydrogène vert, mais il ne dispose pas encore de l’infrastructure nécessaire pour en produire des quantités importantes ni de la demande pour consommer l’énergie produite.

En 2024, deux tiers (67 %) des Canadiens interrogés par l’Institut Angus Reid estiment qu’il est prioritaire d’utiliser de l’hydrogène vert pour décarboner les industries nationales, notamment le transport maritime. Des groupes de taille similaire affirment que le Canada devrait principalement exporter l’hydrogène qu’il produit (16 %) ou ne pas investir dans l’hydrogène (17 %).[32]

En mars 2024, le Canada et l’Allemagne ont signé un protocole d’entente qui prévoit un engagement de 600 millions de dollars dans la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement en hydrogène vert, à la suite d’une déclaration d’intention conjointe des deux pays concernant la création d’une alliance pour l’hydrogène conclue en 2022.[33] L’Allemagne a pour objectif d’importer de 50 à 70 % de ses besoins en hydrogène d’ici 2030.[34] En 2024, l’Association canadienne de l’hydrogène a signé des protocoles d’entente avec Hydrogen Europe et Hydrogen Sweden pour soutenir un effort collectif visant à renforcer la collaboration internationale dans ce domaine et à accélérer le déploiement de l’hydrogène.[35, 36] 

Dans la région du Pacifique, Hydrogen Canada Corp. et Korea Southern Power ont signé un protocole d’entente en 2024 pour mettre en place des installations de production et d’exportation d’ammoniac vert, afin de fournir de l’ammoniac au marché sud-coréen.


Air Liquide – Bécancour (Bécancour, QC) – .Le projet Air Liquide – Bécancour, opérationnel depuis 2021, abrite le plus grand électrolyseur à membrane échangeuse de protons (MEP) au monde, qui peut produire jusqu’à 8,2 tonnes d’hydrogène vert par jour grâce à de l’énergie hydroélectrique renouvelable. En savoir plus.


Projet d’hydrogène vert de Belledune (Belledune, N.-B.) – Le port de Belledune collabore avec Cross River Infrastructure Partners, les Premières Nations de Pabineau et d’Eel River Bar pour mettre sur pied une installation de production d’hydrogène et d’ammoniac verts à grande échelle. Le projet prévoit utiliser 500 mégawatts d’électricité renouvelable pour produire de l’hydrogène et de l’ammoniac verts destinés à la consommation intérieure et à l’exportation. Le projet est actuellement en cours d’élaboration et pourrait être opérationnel d’ici 2027. En savoir plus.


Projet Courant (Baie-Comeau, QC) – Le projet Courant est une installation de production d’ammoniac vert proposée par Hy2gen Canada. L’hydroélectricité servira à produire de l’hydrogène vert, qui sera ensuite converti en ammoniac pour être exporté et utilisé dans l’industrie. Le projet est encore en cours de développement et aucune date de lancement n’a été fixée. En savoir plus


Installation de liquéfaction d’hydrogène HTEC (North Vancouver, C.-B.) – L’installation de liquéfaction d’hydrogène HTEC à North Vancouver, annoncée en 2025, traitera 15 tonnes par jour de sous-produits d’hydrogène qui seront distribués en Colombie-Britannique et en Alberta. Le projet fait partie du programme H2 Gateway, qui comprend des stations de ravitaillement en hydrogène et des camions électriques à pile à combustible. Le projet en est actuellement aux premiers stades de développement et la date de mise en service n’a pas encore été fixée. En savoir plus.


                               

Carrefour énergétique du port Tupper (Hawkesbury, N.-É.) – Deux projets sont en cours dans le parc industriel de Point Tupper, près du port Hawkesbury, en Nouvelle-Écosse. Everwind développe une installation de production d’hydrogène et d’ammoniac verts. Elle utilisera des parcs éoliens nouvellement construits et l’eau du lac Landrie. Bear Head Energy prévoit une installation à grande échelle de production, de stockage et de chargement d’hydrogène et d’ammoniac verts. Les deux projets sont en cours de développement et la décision finale d’investissement devrait être prise en 2025. Pour en savoir plus sur Everwind et Bear Head Energy.


Projet Mauricie (Shawinigan, QC) – Le projet Mauricie, dirigé par TESCanada H2 Inc., vise à produire jusqu’à 70 000 tonnes métriques d’hydrogène vert par an pour soutenir la décarbonation industrielle et le transport lourd au Québec. AtkinsRéalis fournit des services d’ingénierie et de conception pour le projet, qui est actuellement dans la phase de développement. En savoir plus.


Recyclage Carbone Varennes (Varennes, QC) – Le projet Recyclage Carbone Varennes, actuellement en construction, comprendra un système d’électrolyse de 90 mégawatts alimenté par l’hydroélectricité pour produire de l’hydrogène vert sur place. Cet hydrogène servira à convertir les déchets et la biomasse en carburants à faible teneur en carbone, soutenant ainsi les objectifs du Québec en matière d’économie circulaire et de réduction des émissions. Initialement prévue pour 2025, l’exploitation devrait démarrer en 2026. En savoir plus.

 

Windsor Salt Cavern Storage (Altura Power, Plains All American) – Le projet Windsor Salt Cavern Storage, élaboré par Altura Power et Plains All American, vise à créer une installation de stockage d’hydrogène dans des cavernes de sel en Ontario. Annoncé en 2024, il permettra de stocker à grande échelle l’hydrogène produit en période d’offre excédentaire, garantissant ainsi une source d’énergie stable et fiable lorsque la demande est élevée. Le projet est actuellement dans une phase de planification et d’obtention des autorisations réglementaires, et la construction devrait commencer en 2025.

 

Atlantic Hydrogen Alliance – L’Atlantic Hydrogen Alliance soutient la mise en place d’une chaîne de valeur dynamique pour l’hydrogène vert afin de permettre la transition vers une économie prospère à faibles émissions de carbone dans le Canada atlantique. En savoir plus.


Initiative du corridor de navigation vert, port de Halifax, N.-É. – L’Administration portuaire de Halifax a reçu un financement qui pourrait atteindre 22,5 millions de dollars de Transports Canada dans le cadre du programme du corridor de navigation écologique afin de préparer le port aux carburants et aux sources d’énergie de l’avenir. Ce financement s’appuie sur des projets existants au port de Halifax, notamment le protocole d’entente signé en 2022 avec le port de Hambourg pour décarboner le corridor de navigation entre les deux ports. En savoir plus


Prototypes d’équipement alimentés à l’hydrogène, port de Montréal, QC – L’exploitant de terminal QSL a reçu des prototypes d’équipement propulsés à l’hydrogène en 2022 afin d’accélérer la décarbonation de l’industrie du transport maritime.  En savoir plus


Camions à hydrogène, port de Prince Rupert, C.-B. – Le port de Prince Rupert a annoncé en juin 2024 qu’il ajouterait quatre nouveaux camions lourds à émissions nulles ou faibles à ses opérations. Deux de ces camions seront alimentés à l’hydrogène, un à la batterie électrique et un à la co-combustion hydrogène-diesel. En savoir plus


Chaîne de valeur transatlantique de l’hydrogène, port de Belledune, N.-É. – L’Administration portuaire de Belledune a signé un protocole d’entente avec le port d’Anvers-Bruges pour collaborer à la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement en carburants à faibles émissions de carbone et en produits de fabrication écologiques, la priorité étant accordée à l’hydrogène et à ses dérivés. En savoir plus


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